Des mouvements qui font des disciples (aka des églises)


Il y a de cela un an, dans une salle parisienne remplie de jeunes chrétiens, un homme se tient sur la scène, en train de nous parler de plein d’autres grandes salles qui ont été remplies en Europe, avec des orateurs connus et des groupes de louange renommés. Et il se tient là, et il crie : « Le Saint-Esprit est en train de commencer un mouvement ! »

Et bien que j’aie passé une très bonne soirée, quand j’ai entendu cela je me suis posé la question suivante : « est-ce que c’est vraiment ce qui intéresse le Saint-Esprit ? »

Ne me méprenez pas : j’aime (beaucoup) les grands rassemblements avec plein de chrétiens. J’aime écouter des gens avec un message tellement puissant qu’ils sont invités de par le monde à le partager. Ces choses ont du sens. L’église de Jérusalem réunissait des milliers de croyants dans la cour du Temple. Les apôtres voyageaient pour prêcher dans d’autres lieux que leurs communautés locales.

Mais quelque chose me gênait. Est-ce que c’est vraiment la priorité du Saint-Esprit de pousser des jeunes à s’agglutiner dans des concerts chrétiens pour vivre un buzz et repartir inchangés ? Ça ne me semblait pas logique. Est-ce qu’il y a une légitimité à ce genre d’événements ? Oui. Est-ce que c’est quelque chose auquel une génération entière est appelée à se donner ? Non. Est-ce que ça devrait être la passion première de la nouvelle génération de chrétiens ? J’espère vraiment que ça ne le sera pas. Ca fait plaisir le temps d’une soirée ; ça fait mousser les émotions. Mais le fruit concret dans la vie n’est pas forcément tangible. Et surtout cette idée : le Saint-Esprit est en train de commencer un mouvement… Je ne vois vraiment pas ça comme étant sa priorité. Le livre des Actes ne ressemble pas à une succession de grands concerts chrétiens avec des jeunes déjà convertis qui paient pour aller écouter de la bonne musique et un message.

Bref.

Quelques mois plus tard, je participe à une formation sur le discipulat. Et l’orateur, Stuart Gibbs, nomme sa première session « des mouvements de discipulat » Et je me suis dit : « et c’est reparti : encore quelqu’un qui va me parler de mouvements, et de vagues de ceci et de cela que l’Esprit veut faire dans notre génération, comme si on était d’une façon ou d’une autre spéciaux, et différents des générations de chrétiens qui nous ont précédé ; et d’une façon ou d’une autre différents des chrétiens des premiers siècles, de sorte à ce qu’on puisse confortablement se permettre de voir le récit de leurs vies comme purement descriptif et non pas prescriptif, et blablabla ». Réaction épidermique au terme « mouvement », suite à mon expérience du concert/mouvement, etc…

Là où il m’a pris en contre-pied c’est que dès les premières phrases de la formation, il a dit ceci : « quand je parle de mouvements de discipulat, je veux dire ceci : des églises locales ».

Et là, le cerveau fait un petit bug de quelques secondes, et je sentais les neurones shifter à l’intérieur de ma tête alors que, en l’espace de quelques mots, ma conception de l’église et du discipulat se sont alignées pour former une nouvelle notion ; une sorte de révolution.

L’église a une raison d’être : faire des disciples. En fait l’église est la conséquence visible de l’obéissance à un commandement : allez faire de toutes les nations des disciples.

Ce n’est pas que l’église existe, et que les églises doivent faire des disciples ; entre autres choses. C’est que nous devons faire des disciples ; et ayant commencé à discipler des gens, une partie clé et intégrante de ce processus est de les former en des communautés de croyants qui s’aiment, partagent, grandissent ensemble, font leur vie ensemble, témoignent, donnent et poussent tous ensemble à l’avancée du Royaume de Dieu dans leur contexte. C’est ça l’église : un mouvement de discipulat. Nos bâtiments, structures, programmes, activités ; nos groupes musicaux, sites webs, plateformes et lumières sont tous totalement accessoires face à l’objectif premier : faire des disciples de Jésus. Si les choses sus-mentionnées sont la meilleure façon de permettre aux disciples dans notre sphère de grandir en Dieu, alors servons-nous en au maximum.

Mais si on commençait par le fait de leur enseigner tout ce que Jésus a enseigné, en suivant la simplicité du livre des Actes ? Si on commençait par vivre Actes 2.42, et bâtir sur ce fondement là ? Peut-être pourrions-nous commencer à voir l’impact connu dans le livre des Actes — une région géographique entière touchée par l’Evangile en l’espace d’une génération. Peut-être que c’est ça le mouvement que l’Esprit a sur son coeur : des disciples qui font des disciples qui font des disciples. Des gens qui ressemblent de plus en plus à Jésus qui conduisent d’autres personnes à ressembler de plus en plus à Jésus. Peut-être que c’est ça l’église. Peut-être que c’est à cela que nous sommes appelés.

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