À l'aide ! Je n'ai pas trouvé mon appel !

Cet article est un appendice à la série sur mon appel. J'y parle de mon expérience de l'appel ministériel, ou de la vocation – se savoir appelé par Dieu pour un service précis de direction au sein de l'Église. 

Une question très pertinente m'a été posée sur les réseaux sociaux, en me demandant ce que je pensais de la tendance actuelle à rechercher activement son appel : "Je vois dans le monde chrétien une 'pression à trouver son appel' plutôt qu'une 'réception de son appel'."

C'est un sujet important qu'il faut que l'on évoque. Certains prédicateurs affirment que "chaque chrétien a un appel", et qu'il faut que tout chrétien trouve son appel pour "entrer dans le service" ou quelque chose de ce genre.

Cet enseignement n'a aucun appui scripturaire : on ne voit aucune notion que chaque personne est appelée à un rôle précis au sein de l'Église, et qu'on doit à tout prix s'astreindre à le trouver pour être "dans la volonté de Dieu". Les récits scripturaires de vocation sont spécifiques à certaines personnes. Si c'était quelque chose qui devrait arriver à tout le monde, la Bible ne mettrait pas tant d'accent sur les récits des vocations des personnes à qui cela arrive. On ne nous dit pas comment Samuel se levait le matin pour manger ses céréales. On ne nous raconte pas l'heure à laquelle Jérémie nouait ses sandales avant de sortir de chez lui. On n'a aucune précision sur la couleur des vêtements de Pierre. Ces choses générales ne sont pas précisées parce qu'il n'y a rien d'exceptionnel à cela, ainsi le récit n'aurait aucun intérêt. Mais on nous raconte comment ils sont devenus conscients de l'appel de Dieu sur leur vie. Et cet appel, puis plus tard leur ministère, a été confirmé non seulement dans leur cœur, mais par d'autres aussi, notamment à travers le fruit qu'ils portaient, conditionné par un caractère mature dans la ressemblance à la volonté de Dieu.

Cet enseignement qui dit que "tu dois trouver ton appeeeeeeel" est abusif d'un côté comme de l'autre. Du côté du prédicateur, cet enseignement peut cacher une volonté de mobiliser les personnes dans son Église pour remplir les cases vides des plannings de l'équipe de louange, la crèche, le ministère parmi les enfants, la vidéoprojection et le nettoyage. Découragés de voir des personnes talentueuses et disponibles végéter sur les bancs de l'Église, ils invitent tout le monde à "trouver leur appeeeeeeel". Mais la Bible ne légitime en rien cet enseignement.

De l'autre côté, cet enseignement devient un prétexte pour les chrétiens inactifs. Lorsqu'ils sont encouragés à servir leur communauté, à témoigner de leur foi à leurs connaissances, à exprimer l'amour basique du prochain à travers des actions de bienveillance et de solidarité, ils diront : "non, ce n'est pas mon appel". Apostrophés sur la nature précise de leur appel, ils répondront : "je ne l'ai pas encore trouvé..." Ah...

Moins abusif, mais avec les mêmes conséquences, sont les chrétiens qui sont trop hésitants et qui se sentent culpabilisés ou incapables de prendre des initiatives, qui végètent et ne font rien, se plaignant du fait qu'ils n'ont "pas encore trouvé leur appel".

Faisons ici une distinction utile, à l'aide de la majuscule : si tout chrétien n'a pas un Appel, tout chrétien a un appel. Tout chrétien n'est pas forcément appelé à un ministère précis, mais chaque chrétien a un appel plus général, qui est très clair et très simple dans la Bible. Il peut être résumé à travers quatre versets : 

"Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force", "Aime ton prochain comme toi-même", "faites de toutes les nations des disciples" et "tout ce que tu trouves à faire, fais-le avec la force que tu as, car il n'y a ni activité, ni réflexion, ni connaissance, ni sagesse dans le séjour des morts, là où tu vas." (Mc 12.30, 31 ; Mt 28.19 ; Ecc 9.10)

Le voilà votre appel, qui que vous soyez. Toute occasion que vous avez de faire cela, avec sagesse et passion,  faites-le ! Vous n'avez aucune excuse pour le fait de ne pas faire cela. Trouvez les lieux autour de vous où il y a le plus de besoins en termes de l'amour de votre prochain, par le fait de contribuer à la mission de l'Église de faire des disciples. Par amour pour Dieu et pour les autres, mettez-y le maximum de votre force et de votre application, parce que vous allez un jour mourir et ce sera trop tard. Et bim, vous avez trouvé votre appel ! (de rien)

Ceci n'est pas pour créer une Église à deux vitesses, composée de personnes appelées et de personnes non-appelées. Les personnes appelées seront, dans une Église saine, reçues avec gratitude pour l'aptitude qu'ils ont à créer un contexte sain dans lequel chacun pourra grandir et être équipé pour toujours mieux aimer Dieu, aimer son prochain et faire des disciples de personnes autour de lui. Aucun n'est plus proche de Dieu, plus précieux à ses yeux. Ou, pour citer la Bible :

"C'est lui qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. Il l'a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l'adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ. Ainsi, nous ne serons plus de petits enfants, ballottés et emportés par tout vent de doctrine, par la ruse des hommes et leur habileté dans les manœuvres d'égarement. Mais en disant la vérité dans l'amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ. C'est de lui que le corps tout entier, bien coordonné et solidement uni grâce aux articulations dont il est muni, tire sa croissance en fonction de l'activité qui convient à chacune de ses parties et s'édifie lui-même dans l'amour." (Ép 4.11-16)

Les ministères appelés équipent tous les saints, afin qu'ensemble nous devenions tous, par le moyen des dons accordés par le Christ de l'Ascension, semblables dans notre caractère et notre unité coordonnée, à la Tête du corps que nous constituons.

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