Témoignage personnel – Mon appel (pt. 2) – Quand Dieu est renversant

La semaine qui a suivi le samedi 7 août 2004 a bouleversé ma vie. Il y a eu un avant et un après ces moments. Ma vie a totalement changé de cours, et ce que je suis aujourd’hui, je ne le serais pas sans les événements de cette semaine. 

C’est au cours de cette semaine que Dieu a mis sa main sur moi de telle sorte que je prenne conscience qu’il m’appelait à une vie de service au sein de l’Église. « Appel », « vocation », appelez cela ce que vous voulez, c’était en tous cas un moment fort dans ma vie. 

Je vais commencer cette série d’articles en vous racontant le témoignage de ce qui m’est arrivé. Le samedi 7 août 2004, âgé de 17 ans, je me mets en route pour la toute première édition d’une conférence chrétienne appelée NewDay organisée par Newfrontiers. Le camp rassemble environ 3 500 ados pour des temps de louange, d’enseignement et de connexion les uns avec les autres. J’avais déjà fait des camps comme celui-là, notamment Soul Survivor et j’avais eu un peu le sentiment, un an plus tôt, d’avoir fait le tour de Soul Survivor, mais des filles que je venais de rencontrer m’avaient invité à NewDay, et j’avais bien accroché avec elles, donc je me suis décidé à m’inscrire. Mon itinéraire était le suivant : 
  • Roissy-bus pour aller à l’aéroport CDG terminal-3 
  • Vol EasyJet jusqu’à Londres Luton 
  • Bus de Luton à Nottingham 
  • Martyn, le responsable jeunesse de l’église à laquelle j’allais être rattaché viendrait me chercher en voiture pour m’emmener au centre d’expos de Newark 
Simple. Qu’est-ce qui aurait bien pu arriver de grave ? 

Hmmmm… 

Mon bus ne peut pas passer devant le terminal 1 pour aller au terminal 3 à cause d’une alerte à la bombe (on est peu après le 11 septembre 2001, Vigipirate était à son plus précautionneux). Donc je rate mon avion. J’attends deux heures à CDG et je prends le suivant. J’arrive à Londres Luton, ayant raté mon bus, et j’attends le suivant. Une heure et trente minutes plus tard, le bus vient et le chauffeur m’annonce qu’un e-billet n’est ni échangeable ni remboursable (on est en 2004… Ces trucs-là venaient d’être inventés). J’appelle ma mère depuis une cabine téléphonique (2004…) à l’aéroport. Je n’ai pas le numéro de téléphone de Martyn, le gars qui devait venir me chercher, donc ma mère se déchaine pour appeler des amis-d’amis-d’amis pour trouver son numéro de téléphone et m’acheter un nouveau ticket de bus (j’avais 17 ans et pas un sou à mon nom). Tout s’arrange – avec le délai, je rate un autre bus, mais je prends le suivant, qui m’amène à Nottingham. J’arrive à la gare routière de Nottingham, je me rapproche d’une cabine téléphonique pour appeler Martyn. Il décroche et m’informe qu’il ne connaît pas bien Nottingham et qu’il fait maintenant noir (j’ai accumulé 6h de retard avec tous ces rebondissements). Il préfère ne pas se perdre (2004… Pas de GPS sur les téléphones…) donc appelle des connaissances à lui d’une église Newfrontiers du coin qui viendra me chercher, m’emmènera à leur église le lendemain, et quelqu’un de l’église m’emmènera à Newark pour le début du camp. Ouf, sauvé ! 

Si j’étais mieux organisé, si j’avais eu un téléphone portable à l’époque, si j’étais meilleur pour économiser mon argent de poche, si on était en 2014 et pas en 2004, si, si, si… toutes ces choses ne seraient pas arrivées. Mais Dieu est souverain sur les temps et les circonstances. 

Ce dimanche matin, à l’église de Nottingham, je tombe sur… Nicolas Thébault. Nicolas est un ami de famille avec qui mes parents avaient implanté leur première église, plus de 10 ans plus tôt. Mes parents étaient passé à d’autres aventures et Nicolas et sa famille avaient déménagé en Guinée (Afrique de l’ouest) quelques années plus tard. 

- Salut Nicolas, dis-donc ! Je croyais que tu étais en Afrique ! 
- Oui, on est en vacances dans la famille d’Elaine qui habite à Nottingham ! Purée quelle coïncidence ! Qu’est-ce que tu fiches ici ? 
- Longue histoire, mais je suis en route pour NewDay. 
- Ah c’est trop bien ! Alors, raconte, qu’est-ce que tu deviens ? 
- Bah je viens de passer le Bac, je cherche du travail pour économiser pour aller étudier en Angleterre. Je pense à faire une double licence Sociologie et Géographie, mais je sais pas ce que je fais après. Mais bon, c’est dur de trouver du travail parce que je ne suis pas encore majeur. 
- Tu sais, si jamais tu ne trouves rien, nous on aurait plein de trucs à te faire faire en Guinée si tu voulais venir nous rejoindre pendant l’année scolaire. On n’aurait pas de salaire à te proposer, mais ce serait une super expérience. 
- Tu sais quoi, je vais vraiment y réfléchir : j’ai toujours eu un cœur pour l’Afrique. Je sais juste pas si c’est sage, mais je te tiens au jus.

J’arrive à NewDay et la conférence commence. Le premier soir, un homme vient me voir. Il me dit : « je ne te connais pas, mais je te regardais et je sentais Dieu me demander de venir te dire que tu vas vivre quelque chose pendant cet événement qui va changer ta vie. » Ah… Est-ce que ça aurait un lien avec la proposition de Nicolas de ce matin-là ? On verra. 

Le lendemain matin, je vais à un séminaire sur la pauvreté. Mes amis (que je ne connaissais pas à l’époque) Stuart et Livy Gibbs sont les orateurs. Livy commence en nous faisant un état des lieux de la pauvreté dans le monde, puis Stuart passe à une section prédication avec applications pratiques. Voici, entre autres, un de ses conseils : « Si par exemple tu viens de passer le Bac, que tu comptais prendre une année sabbatique pour économiser pour tes études, pourquoi ne pas mettre ce plan à la poubelle, aller servir des gens dans un pays du tiers-monde et faire confiance à Dieu pour tes finances de fac ? » Touché… Il ne pouvait pas le savoir à ce moment-là, mais c’était une parole de connaissance pour moi. Dans l’après-midi, j’en parle à mes nouveaux amis, assis autour de nos tentes. Est-ce que Dieu est en train de me demander de faire quelque chose de précis ? Je n’ai jamais connu de moment où c’était tellement évident que Dieu savait et s’intéressait vraiment à tout ce que je suis, tout ce que je fais, mes envies, mes défis. En théorie, je le savais. Maintenant, je le sais en pratique. Mais reste la question : est-ce que je peux vraiment lui faire confiance ? Trouver l’argent pour aller en Guinée, passer l’année loin de mes parents, aller étudier ensuite sans sous ? Est-ce que je devrais prendre une deuxième année sabbatique après – qu’en penseraient mes parents ? Mais plus que ça en fait : est-ce que, d’un seul coup, servir Dieu avec toute ma vie, bâtir son Église, servir son peuple à plein temps, est-ce que ça ne serait pas bien plus passionnant que sociologie et géographie et une carrière de journaliste ? Ce qui ne m’était jamais apparu comme intéressant d’un seul coup me captivait et me semblait presque être la seule chose qui vaille la peine que j’y donne mon temps, ma vie. Le Dieu que je commençais à expérimenter à ce moment-là était différent de celui que j’avais connu jusqu’à présent. Bien sûr, la théologie était la même, la Bible était toujours la Bible, la Croix était toujours la Croix. Mais Dieu me connaissait et était impliqué dans ma vie, personnellement. Si Dieu était personnel à ce point-là, je pouvais lui accorder chacun de mes jours éveillés à poursuivre ses projets et ses objectifs. 

Mais je n’étais pas sûr. Ni pour la Guinée, ni pour la suite. Mes amis me demandaient : « alors, tu vas le faire ou pas ? » Je ne sais pas. Je pense que oui, mais je ne suis pas sûr. 

Le dernier soir de la conférence, un autre homme vient me voir : « Dis-moi, je te regardais et j’avais cette pensée pour toi : il me semble que Dieu ait mis un appel sur ta vie pendant cette conférence, et tu n’es pas sûr d’accepter ou pas. Je veux vraiment t’encourager à dire "oui" et je sens Dieu me dire de te dire qu’il va honorer ta décision. » Bon. Je crois que je ne vais pas pouvoir sortir de ce guet-apens. Je ferais mieux de me rendre… Donc j’ai dit « oui » à Dieu. 

Je rentre à la maison, j’en parle à mes parents. La Guinée d’abord. « Oui Nathan pas de soucis, si t’arrives à trouver les sous – et on veut bien t’aider ». L’appel ensuite. « Eh bah on se demandait bien quand t’allais nous le dire – ça fait un moment qu’on le voit, nous… » Ah ? Première nouvelle. Mais c’est rassurant. Je ne me fais pas un film tout seul. 

J’en ai parlé à d’autres personnes de confiance et maturité spirituelle, qui ont aussi confirmé ça. Donc c’était officiel dans ma tête : Dieu m’avait appelé, et j’allais devoir me préparer. 

Voilà donc comment c’est arrivé pour moi. Je veux finir avec 3 leçons à retirer, qu’on voit aussi dans la Bible : 
  • L’appel est différent pour chacun. Contrastez celui de Pierre et celui de Paul par exemple. Dieu se sert de nos circonstances et nous trouve là où on est. Ne regardez pas les histoires des autres pour vous comparer à elles. Je raconte cette histoire pour vous encourager et chercher à réveiller quelque chose en vous ; pas pour vous bloquer. 
  • L’appel est une expérience consciente. Par modestie ou par précaution on peut dire, pendant un temps : « je pense que Dieu m’appelle à… » Mais en réalité, une personne appelée sait qu’elle a été appelée. Il est important d’arriver à ce point de certitude. Beaucoup de choses pouvaient être dites concernant l’appel de Pierre et Paul, mais une chose était sure : ils ne pouvaient pas dire qu’ils n’étaient pas surs d’avoir été appelés par Dieu. 
  • L’appel est confirmé par d’autres, qui le voient sur nous et le confirment. Paul a commencé à entrer dans ce que Dieu demande de lui en faisant ce que sa main trouvait à faire. Mais il n’est entré de plein pied dans son appel que quand Barnabas est venu le trouver et a confirmé cet appel sur lui. La « main d’association » donné par Pierre et co. était aussi important.

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