Les dynamiques de la louange


Pour bien comprendre comment marche la louange centrée sur Dieu, nous devons comprendre les dynamiques de la louange. 

Ce que nous cherchons, si nous revenons au cœur de la louange (voir l’article du mois dernier), c’est de dire à Dieu, par nos paroles et par nos actes, la valeur que nous lui attribuons. Nous cherchons à honorer et exalter Dieu pour qui il est. Rien de moins, rien de plus.

Pour cela, nous devons comprendre les dynamiques de la louange et les dynamiques du cœur humain.

1. La louange comme une respiration

Si la louange c’est s’exprimer à Dieu, dire notre admiration, déclarer en paroles et en actes sa valeur, on pourrait le comparer à l’expiration de l’air de nos poumons.

Simplement, pour qu’air il y ait, il faut d’abord remplir le cœur. Il faut inspirer avant d’expirer. Il faut une révélation de Dieu, qui créera en nous une réponse à Dieu. Cette réponse est la louange ; mais la révélation de Dieu est essentielle pour cela.

Regardez les débordements les plus spontanés de louange, les expressions les plus viscérales d’admiration envers Dieu dans les Écritures. Elles se produisent toujours lorsque des gens voient Dieu pour qui il est. La révélation de qui Dieu est conduit à une réponse réelle, authentique, profonde, forte.

C’est lorsque nous voyons Dieu que nous pouvons répondre et dire : "tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, toi le Saint, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance" (Ap 4.11). C’est lorsque nous voyons Dieu que nous pouvons dire : "Saint, saint, saint est l'Éternel, le maître de l'univers ! Sa gloire remplit toute la terre !" (És 6.3). C’est lorsque Moïse voit Dieu qu’il retire ses sandales et cache son visage (Ex 3.5-6). C’est lorsqu’il voit Dieu que Jean tombe face contre terre comme mort (Ap 1.17). Si nous voulons que l’expression de la louange à Fireplace soit extravagante, alors assurez-vous que ceux que nous conduisons voient Dieu et reçoivent une révélation de sa nature et ses attributs, qu’ils considèrent ses grandes œuvres – et particulièrement sa plus grande œuvre : la mort et la résurrection de Jésus.

C’est "en vue des compassions de Dieu" que nous allons être conduits à offrir nos "corps comme des sacrifices vivants, saints et qui plaisent à Dieu" (Ro 12.1). Le voyez-vous ? La révélation de Dieu nous conduit non seulement à louer plus passionnément le dimanche matin : elle nous conduit à vivre nos vies entières comme un acte de louange. En emmenant les gens à voir Dieu, à recevoir une révélation de qui il est lorsque nous nous rassemblons, nous aidons les gens à vivre leurs vies entières devant Dieu.

C’est inévitable : l’Évangile change vraiment les gens. Si nous présentons, au début de chacun de nos rassemblements, la nature de Dieu et la vérité de l’Évangile de Dieu, notre expérience de la louange en sera profondément marquée.

2. Pourquoi c’est important

Cette dynamique de respiration (inspiration-expiration), de Révélation-Réponse, est absolument essentielle pour vivre une vraie louange extravagante centrée sur Dieu. La révélation conduit à une réponse. C’est impossible que cela ne soit pas le cas.

Plus que cela, c’est essentiel à cause de ce que dit le rappeur-théologien Shai Linne : 

« La théologie sans doxologie n’est que morte orthodoxie ; la doxologie sans théologie n’est qu’idolâtrie. »

Si on ne donne pas de contenu à la réponse émotive de notre cœur, à l’admiration exprimée, aux affects mus par telle ou telle mélodie ou telles ou telles paroles, alors ce que nous adorons n’est pas le vrai Dieu, mais une fausse divinité moindre, créée dans l’usine à idoles qu’est le cœur humain (dixit Jean Calvin).

Mais nous ne pouvons pas non plus nous complaire de développer une théologie solide, profonde, robuste et saine. Toute révélation juste de Dieu doit conduire à une réponse. Nous ne pouvons pas faire de notre louange un simple exercice de chanter des vérités théologiques. Nous devons exprimer ce qui est sur notre cœur aussi, en réponse à la révélation.

Voici ce que dit Sam Storms :

« L’objectif ultime de la théologie n’est pas la connaissance, mais la louange. Si notre apprentissage et notre connaissance de Dieu ne conduit à la joyeuse louange de Dieu, nous avons échoué. Nous n’apprenons que pour pouvoir adorer. […] La seule théologie digne d’être étudiée est une théologie qui peut être chantée ! »

John Stott affirme brillamment ces deux choses ensemble :

« La théologie (ce que nous croyons concernant Dieu) et la doxologie (notre louange de Dieu) ne devraient jamais être séparées. D’un côté il n’y a pas de doxologie sans théologie. Ce n’est pas possible de louer un dieu inconnu. Toute louange est une réponse à l’auto-révélation de Dieu en Christ et dans les Ecritures, et elle surgit de notre méditation de qui il est et de ce qu’il a fait. […] La louange sans théologie dégénérera en idolâtrie. D’où l’importance primordiale des Ecritures dans la louange publique et la dévotion privée. C’est la Parole de Dieu qui appelle à la vie la louange de Dieu. De l’autre côté, il ne devrait jamais y avoir de théologie sans doxologie. L’intérêt pour les choses de Dieu qui n’est que purement académique comporte quelque chose de fondamentalement déficient. Dieu n’est pas l’objet approprié d’une observation et d’une appréciation froides, critiques, détachées et scientifiques. Non, la vraie connaissance de Dieu nous conduira toujours à louer. »

Que Dieu nous accorde de ne jamais avoir une théologie correcte mais morte ; et qu’il nous garde de l’idolâtrie. Mais pour cela, nous devons comprendre et conduire l’église dans une dynamique de révélation et de réponse. 

3. Comment faire ?

A. Bien commencer

La chose la plus essentielle est de bien lancer le temps de louange collective. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les gens répondent avec profondeur, substance et extravagance si nous n’offrons pas d’abord aux gens une bonne dose de révélation !

Assurons-nous donc que les premiers chants que nous chantons, les premières choses que nous disons, les premières prières que nous prions se focalisent sur qui Dieu est et ce qu’il a fait. Ne conduisons pas les gens à une réponse sans leur avoir fourni au préalable de la révélation. Ne demandez pas aux gens d’expirer si vous ne leur avez pas donné de l’oxygène à inspirer.

Plus encore : nous ne débutons pas avec des chants méditatifs. Nous ne débutons pas avec des chants qui nous replient sur nous. Psaume 100.4 nous dit quel est le mood de base, le point de départ de nos célébrations : "Entrez dans ses portes avec reconnaissance, dans ses parvis avec des chants de louange !"

Nous entrons avec reconnaissance et une célébration de son être, de ses attributs ; pas en parlant de notre semaine ou de comment on se sent. Lorsque les gens dans la Bible voient Dieu, on n’entend jamais parler de comment s’est passée leur semaine ! On entre avec reconnaissance, peu importe ce que la vie nous réserve en ce moment. Choisissons de nous focaliser, et de focaliser les gens, sur ce que Dieu fait et pas sur ce qu’il ne fait pas.

Je soumets que bien qu’étant un bon chant de reconnaissance, le chant Tu es bon n’est pas un bon chant pour débuter un temps de louange : il y a beaucoup de réponse ("je veux le proclamer du sommet des montagnes : ta grâce est sans limite, ta bonté sans égale" ; "Et je chante car tu es bon, et je danse car tu es bon, et je crie de joie : tu es bon, tu es bon pour moi…"), mais très peu de révélation. Mieux vaut le mettre au moins en 2è, ou directement après une prédication qui finit fort, ou même pour terminer une célébration. Contrastez-le avec Sola Gratia ("Amour parfait, tu t’es donné | A la croix, pour tout effacer | De mes péchés tu t’es chargé sur le bois…") qui est rempli de révélation, mais peu de réponse. C’est un super chant pour débuter, mais souvent un mauvais chant à prendre au milieu d’un temps de louange. Faîtes-vous une petite collection de chants qui associent bien le côté "révélation de qui Dieu est et/ou de ce qu’il a fait" et "célébration, joie, reconnaissance", pour débuter nos célébrations. Cherchez à prendre un ou deux chants de ce style, au moins, en début de temps de louange. Associé à une ou deux lectures des Ecritures ou de prières de louange spontanée, cela crée un super socle pour conduire les gens à avoir une révélation de Dieu et à entrer dans l’expression d’une louange extravagante.

Il peut parfois être bon de commencer avec un chant d’accueil – pour intentionnellement déclarer à Dieu et les uns aux autres que nous plaçons toute notre focalisation et notre attente sur lui. Quelques exemples :
  • Nous sommes là pour toi
  • Déchire les cieux
Si vous prenez un "chant d’accueil", attention toutefois de ne pas occulter l’aspect "révélation" et de toujours viser à remplir nos pensées et nos cœurs avec une vision forte de qui Dieu est et de ce qu’il fait.

B. Bien continuer

Mais assurons-nous aussi de ne pas rester trop longtemps fixés sur la déclaration, les chants à contenu. Sachons conduire les gens à répondre – et répandre leur cœur en adoration. Passons d’un contenu plus général à un contenu plus personnel ; d’un contenu plus cognitif à un contenu plus émotif. Certains chants font très bien la jonction entre ces deux choses. Pensez aux paroles de ces chants : les couplets sont remplis de vérités et les refrains nous conduisent à répondre :
  • Lumière du monde
  • O Dieu tu es grand
  • Ce nom si merveilleux
  • A ton nom
  • Gloire à notre Dieu (Anastasis)
  • Yahwé
  • Dieu tout puissant, quand mon cœur considère
  • Infiniment grand (à timorer tout de même : beaucoup de "je" dans le 1er couplet – important à allier à des chants qui mettent vraiment tout l’accent sur Dieu)
C’est justement cette alternance "révélation-réponse" qui fait la force de ces chants et qui explique à quel point ils ont béni le corps de Christ au cours des années.

C. Aller au delà

- Quand Dieu veut répondre à notre réponse

Si le cœur de la louange, c’est les humains qui parlent à Dieu, la nature de notre Dieu est de vouloir nous répondre. C’est là où le prophétique devient essentiel. Ne cherchons pas la manifestation prophétique trop vite. Conduisons les gens à une révélation de qui Dieu est et de ce qu’il a fait, répondons-lui et attendons-nous ensuite à ce qu’il nous parle. Il le fera par la prédication – c’est certain. Mais il désire le faire puissamment, intimement, dynamiquement à travers les paroles prophétiques. Sachons laisser de la place pour que Dieu vienne nous parler aussi, et qu’il le fasse à travers le corps tout entier et pas seulement les gens au micro. 

Nous ne voulons pas seulement le prophétique : nous voulons aussi la révélation et la possibilité de répondre à lui. Nous perdons quelque chose d’essentiel quand nous ouvrons trop vite la place au prophétique ; mais nous perdons quelque chose de tout aussi profond quand nous éteignons l’Esprit en ne laissant pas de place au prophétique. Ainsi, la dynamique est la suivante : 

  1. Nous recevons une révélation de Dieu
  2. Nous répondons à la révélation en nous adressant à Dieu
  3. Dieu vient nous parler en retour
  4. Nous répondons à ce qu’il nous dit

- Répondre à la voix dynamique de l’Esprit

Ce quatrième point est essentiel : ne laissons pas le prophétique venir sans, nous aussi, répondre à ce que Dieu nous dit. Ne nous permettons pas d’entendre la parole de Dieu à travers la prédication sans répondre par de la louange ou par un temps de ministère. Une parole de connaissance concernant la guérison est-elle apportée ? Demandons tout de suite si quelqu’un veut répondre et recevoir la guérison. Une parole prophétique vient-elle concernant l’amour de Dieu pour nous ? Répondons en nous associant volontairement et consciemment à ce que Dieu nous dit ; et pourquoi ne pas chanter notre amour pour Dieu en réponse ? 

Parfois, il peut être bon d’embrayer avec un chant dans lequel Dieu nous parle à nous tout autant que nous lui parlons : nous chantons les choses que l’Esprit a voulu nous dire prophétiquement ; nous nous réjouissons en ce que Dieu dit sur nous. Quelques exemples de ce type de chant :
  • Plus esclaves
  • Abba Père
Une façon de répondre à ce que Dieu nous dit est de mettre en œuvre notre volonté. En particulier après une prédication, certains chants nous aident à manifester un engagement envers Dieu, ou à répondre par la prière. Quelques exemples :
  • Esprit de Dieu (oui nous voulons être)
  • Pour la cause de ce monde
  • Notre Père
Nous devrions chercher à avoir, dans notre répertoire de chants, des chants qui nous permettent toute cette versatilité d’expression.

4. Oubliez tout ce que je viens de dire

Cet article doit être compris comme l’expression d’un principe utile pour comprendre les dynamiques de la louange ; et non pas comme une loi à suivre à la lettre ou une méthode à appliquer. La plus forte dynamique de la louange est celle de l’Esprit de Dieu. Dans tout cet article, nous avons détaillé des choses qui correspondent à ce que l’Esprit nous a déjà révélé sur sa volonté et sa façon d’agir telle que nous la voyons dans les Écritures. Mais "le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit, mais tu ne sais pas d'où il vient, ni où il va. C'est aussi le cas de toute personne qui est née de l'Esprit" (Jn 3.8). Sachons vivre ces principes dynamiquement et sans se laisser enfermer par eux, suivant la direction de l’Esprit. Cet article est un outil pour nous aider à conduire le peuple de Dieu selon les priorités et la nature de Dieu, pas une prison pour vous enfermer. Si vous n’arrivez pas à utiliser ces principes sans en faire une obligation ou une grille de lecture nécessaire et sans faille, alors merci d’oublier tout ce que je viens d’écrire !

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