Arrêtez d'aller à l'Église


Les mots que l’on utilise sont importants. Ils révèlent, ou renforcent, nos valeurs profondes. Nous voulons que nos paroles démontrent une vérité à laquelle nous croyons déjà ; et servent à renforcer cette conviction chez ceux qui nous écoutent.

Pour cette raison, il est impératif que nous arrêtions d’utiliser l’expression « aller à l’Église ».

Aller à l’Église, c’est aborder la vie chrétienne avec une mauvaise conception de :
  • Ce qu’est l’Église
  • Le rapport qu’un croyant doit avoir à son Église
  • L’objectif des rassemblements de l’Église
Il est crucial que nous rectifiions cela.

Pourquoi c'est important

Nous n’allons pas à l’Église. Si nous allons à l’Église, alors cela signifie que c’est un endroit où il est possible de se rendre. Un bâtiment (on va au musée). Ou tout du moins un moment de rencontre particulier (on va à un rdv).

Or la Bible ne décrit jamais l’Église ainsi. Si l’Église est comparée à un Temple fait de pierres, il est très évident que ce Temple est spirituel. Et les pierres qui le constituent ne sont pas des briques, mais des personnes – nous ! On ne peut donc pas aller à ce Temple en tant que croyants. Nous sommes ce Temple.

Nous n’allons pas à l’Église ! Si nous allons à l’Église, alors il y a toute une partie de notre vie qui n’a aucun rapport avec l’Église. Soit j’y suis ; soit je n’y suis pas. Or, à nouveau, y a-t-il un seul moment dans le Nouveau Testament où il est admis qu’un croyant vive en dehors de la réalité de l’Église ? Même si j’y vais souvent, cela ne correspond pas à la vision que la Bible nous en donne.

Nous n’allons pas à l’Église !! Si nous allons à l’Église, alors nous sommes en train de dire que les rassemblements hebdomadaires de l’Église sont optionnels. Si j’y vais, alors je peux aussi ne pas y aller.

C’est une option qui s’offre à moi. Cela nourrit un christianisme consumériste, où je viens rechercher quelque chose (pour moi ou pour autrui – peu importe). De la nutrition spirituelle, du divertissement, de l’aide pour louer Dieu, des amitiés, un endroit où je peux exprimer mes dons… Certaines de ces choses sont bonnes ; d’autres pas. Mais si je vais à l’Église, alors je peux choisir si je fais ces choses ou pas. Or ce n’est pas comme ça que le voit la Bible.

Rectifier le tir

Voici de meilleurs mots : "Je fais partie d’une Église." "J’appartiens à une Église." "Je suis membre d’une Église."

Et je vais à ses rassemblements. Ses rencontres. Ses célébrations[1]. Je vais aussi chez mes frères et sœurs qui appartiennent, eux aussi, à la même Église que moi.

Un petit frère ne dirait jamais : "je vais à la famille". Il fait partie de la famille. Non-stop. Un doigt ne dit jamais : "je vais au corps". Il en fait partie. Non-stop. Une brique ne dit jamais : "je vais au temple". Il en fait partie. Non-stop.

Ce que ça change

Changer notre vocabulaire, c’est montrer qu’on a changé notre mentalité – et cela aide les autres à changer leur mentalité – concernant :

  • Ce qu’est l’Église
  • Le rapport qu’un croyant doit avoir à son Église
  • L’objectif des rassemblements de l’Église

Nous faisons partie de l’Église. L’Église est un peuple, une famille, un organisme vivant qui change, bouge, va quelque part et est en mission ensemble. Elle est un Temple qui bouge, composé de pierres vivantes. Elle est le reflet permanent de la gloire du Père ; l’incarnation de la personne du Fils ; la manifestation tangible de la vie de l’Esprit. Son identité n’a rien à avoir avec un bâtiment, une rencontre ou une association de loi 1901, 1905 ou quelque autre loi de la République française. Voir l’Église comme un Temple duquel nous faisons partie, en tant que pierre vivante, fait une énorme différence.

Nous appartenons à l’Église. Cela veut dire qu’il n’y a aucun moment de notre vie, en tant que chrétien, qui est vécu hors de notre connexion à l’Église à laquelle nous appartenons. Tel un doit sur une main, nous n’existons pas en tant que croyants en dehors de notre connexion à l’Église locale.[2]

Nous sommes membres de l’Église locale (ou en tous cas nous devrions l’être). Pas des participants. Dans le Nouveau Testament, on voit que des croyants avaient commencé à négliger les rencontres de l’Église comme potentiellement optionnelles. La Bible appelle l’Église "la maison de Dieu" (ce n’est, à nouveau, pas le bâtiment, ou le "sanctuaire" qui est la maison de Dieu – beaucoup d’Églises dans le Nouveau Testament n’avaient pas un lieu de rencontre attitré et dédié). Or, dans le monde antique, les familles élargies habitaient toutes dans la même maison. La présence dans la maison, aux repas, aux temps de retrouvailles de la famille, n’était pas optionnelle – les gens habitaient sur place !

Conclusion

En changeant de vocabulaire, on peut changer de réalité. En changeant de réalité, on devrait changer de vocabulaire.

Alors, êtes-vous prêts à arrêter d’aller à l’Église ?

Notes

[1] Je n’ai que très peu d’affection pour le mot "culte" (c’est un mot qui implique que l’on puisse passer un moment où notre vie n’est pas un culte…) ; le mot "réunion" (trop formel, dans sa connotation contemporaine – c’est au bureau qu’on va à des réunions…) ; le mot "service" (trop consumériste – nous ne sommes pas en train d’offrir un service aux croyants, ni aux non-croyants, ni même à Dieu ; pas plus, en tous cas, que nous ne devrions le faire avec nos vies toutes entières.

[2] Attention, je ne suis pas en train de dire, avec l’Église catholique, que "hors de l’Église, pas de salut". C’est par grâce que l’on est sauvé, par la foi, en Christ ; pas à travers l’Église. Cependant, de même qu’un chrétien sans fruit de l’Esprit devrait être vu comme une sévère anomalie (voire même une impossibilité), de même, le Nouveau Testament n’a pas de catégorie pour un chrétien qui ne ferait pas partie d’une Église. Ça n’existe tout simplement pas dans la Bible, et ça devrait être vu comme une sévère anomalie (voire même une impossibilité) chez un chrétien en bonne santé spirituelle.

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