Un peu de sérieux... – Le combat spirituel

Cet article fait partie d’une série d’articles dans laquelle je cherche à appeler le mouvement charismatique auquel j’appartiens à quelque chose de plus équilibré, de plus puissant et de plus biblique.

– Merci à Joachim Brunel pour l'idée pour cet article. Je ne sais pas si le contenu correspond à ses convictions – j'en prends l'entière responsabilité. Mais l'idée était la sienne 😊

Le combat spirituel est un domaine assez complexe à définir de façon précise. De quoi s'agit-il au juste ? La délivrance démoniaque ? Oui. Prendre à bras le corps les parties de notre être où Satan nous tient lié ? Oui. L'intercession pour demander à Dieu de contrer les stratégies de l'ennemi ? Oui. L'accompagnement pastoral et la prédication ? Oui. Implanter des Églises qui incarnent les valeurs et la culture de Jésus ? Oui.  Déjouer, par le conseil, l'attentivité, la patience et la recherche de la sainteté personnelle, tout ce qui pourrait desservir l'amour du prochain au sein de l'Église ? Oui. Toutes ces choses constituent, d'une façon ou d'une autre, le combat du chrétien pour l'avancée et l'établissement du règne de Dieu sur terre. Voilà les façons dont les chrétiens déjouent les plans de l'ennemi. 

Mais nous autres charismatiques avons tendance à inclure autre chose : le combat par l'intercession contre des principautés et des pouvoirs spirituels, qui auraient autorité sur des territoires ou des domaines précis de la société. Cette pratique demanderait, pour la pratiquer avec adéquation, de "cartographier" les autorités spirituelles pour bien attaquer les forces spirituelles en présence. De la justesse du diagnostic dépendrait la puissance du combat exercé...

Que penser de ça ? Voici mon avis : le monde se trouve sous la puissance de l'ennemi (1 Jn 5.19) ; bien que Jésus l'ait vaincu de façon décisive (Jn 16.33), et qu'il a donc l'autorité de fait, même si tous ses ennemis n'ont pas encore été placés sous ses pieds (Hb 2.8). De plus, il est tout à fait possible que des entités spirituelles se voient assigner des territoires ou des domaines précis. Le royaume de Perse et de Grèce semblent bien avoir des "princes" – entités spirituelles qui ont une autorité sur cette localité (Dan 10.13, 20).

Cependant, nous ne voyons jamais, dans la Bible, de rôle attitré aux croyants pour les repérer, ni pour les confronter par la prière, l'intercession et les prononcements spirituels. Les tenants de cette forme de combat spirituel perdent le temps des chrétiens, prétendant avoir une meilleure façon de vivre la mission de Dieu sur terre que celle exercée par les apôtres formés et mandatés par Jésus ! 

Lorsque Paul voit l'idolâtrie spirituelle de la ville d'Athènes, il prêche l'Évangile. Il fait le tour de la ville non pas pour faire la cartographie spirituelle de la ville et pour lier des esprits territoriaux. Il voit quelles sont les forteresses de pensée qui lient les athéniens pour pouvoir contextualiser le message de l'Évangile à leur culture. Soyons les imitateurs de Paul en cela.

Oui, soyons conscients des manières avec lesquelles une certaine culture ont été particulièrement affecté par l'œuvre du diable. À Paris, je vois que le découragement, la désunion entre chrétiens et la lassitude morale font partie des choses auxquels les chrétiens – et les non-chrétiens aussi – sont particulièrement enclins, et beaucoup, n'étant pas conscients des stratagèmes de l'ennemi, se laissent avoir. Soyons conscients de ses manœuvres, et controns-les en agissant de façon toujours plus résolue selon la mentalité de Christ dans notre contexte et en étant vigilants de ne pas nous laisser avoir par ses manigances. 

Mais un peu de sérieux : ce combat spirituel "stratégique" est une distraction – ça donne le sentiment de participer au Grand Mandat Missionnaire de Jésus (en prétendant même être en première ligne !) en n'ayant aucune nécessité de sortir de sa bulle chrétienne ou de proclamer l'Évangile à un incroyant. Appelons-le par son nom : c'est de la peur et de la lâcheté. Repentons-nous de notre couardise et faisons l'œuvre de Jésus en confrontant plutôt les sphères de nos propres vies où nous sommes associés à la façon de faire de Satan, en évoluant dans les façons de penser qui s'accordent avec la pensée du monde plutôt que celle de Dieu et en proclamant l'Évangile à ceux qui ont besoin de l'entendre, les appelant à leur tour à la repentance et à recevoir la vie nouvelle en Jésus.

Ce type de combat spirituel a des précédents scripturaires bien mieux établis, et un historique démontrant un fruit bien plus sûr, au long cours.

Retrouvez les autres articles de la série ici : Série “Un peu de sérieux...”

Commentaires

Articles les plus consultés