Jésus et le bien-être – Intro : Un enjeu moderne et un Messie ancien


La question du bien-être est un enjeu d’importance majeure dans notre monde moderne. Plusieurs exemples pourraient servir à l’illustrer, mais celui qui me semble le plus frappant est le retrait de Simone Biles de plusieurs des compétitions olympiques l’été dernier, citant son bien-être mental comme raison de son forfait. En soi, sa décision ne m’affectait pas : c’est sa vie, elle est libre de participer, ou pas, à toute compétition où elle serait éligible. Si elle préfère ne pas courir, que grand bien l’en fasse, quelle qu’en soit la raison. Vous ne m’entendrez certainement pas être de ceux qui exigent d’elle qu’elle nous divertisse ou qu’elle rapporte une médaille pour son pays. Là n’est pas notre droit ; et là n’est pas son devoir. Voici, plutôt, là où ça me questionne :
  • Simone Biles n’est pas la première à mettre son bien-être émotionnel au-dessus de sa participation dans une compétition sportive (discipline appelant au dépassement de soi physique et mental), et depuis cet événement récent il y a des raisons de croire qu’elle ne sera pas la dernière.
  • Il me semble qu’il s’agisse de quelque chose de nouveau (en tous cas de cette ampleur). Si c’est le cas, cela suggère que notre société évolue : soit les problèmes de santé mentale sont plus fréquents ou accrus qu’ils ne l’étaient auparavant, soit la façon de gérer notre mal-être interne évolue (ou les deux).
Il y a des raisons de penser que l’un des responsables soit notre société de l’image et de l’instantané qui trouve sa plus forte manifestation dans les cycles médiatiques nourris par un besoin d’immédiateté et la recherche d’audimat, ainsi que les réseaux sociaux, qui nous conduisent à nous mettre en scène devant le regard d’autrui, et qui donnent une voix dénuée de toute redevabilité à chacun, quel que soit son niveau de qualification pour commenter quelque chose. Sexisme, racisme et autres expressions odieuses du péché humain se voient offrir une plateforme qu’il a été jusque-là très difficile de réguler de façon constitutionnelle pour une démocratie libérale. Ce contexte pose une attaque très forte à notre bien-être mental – que l’on soit athlète de haut-niveau ou M. ou Mme. Tout-le-monde.

Mais le contexte agressif des médias sociaux et journalistiques que nous consommons ne me semble pas être le seul élément en jeu. Notre société, qui fait face à un vide spirituel, philosophique et éthique conduit à un manque d’outils pour préparer les générations émergentes à bien gérer les difficultés internes inhérentes à la vie dans un monde déchu. Si nos enfants sont de précieux petits anges innocents, que nous ne sommes pas prêts à les mettre face à une discipline sérieuse et bienveillante, que les parents voient leur rôle comme devant permettre à leurs enfants de vivre leurs rêves et que le meilleur conseil qu’on ait à leur donner est de suivre leur cœur, il ne faut pas s’étonner que les générations éduquées à la lumière de la vacuité héritée de Mai ’68 soient particulièrement mal équipées à aller au-delà de la fragilité de l’enfance.

De plus, notre société ultradéveloppée nous a conduit à un point dangereux de la Pyramide des besoins de Maslow. Là où, pour des gens dans de nombreuses sociétés, l’on sent que nos besoins sont assouvis si l’on a de quoi subvenir à nos besoins physiologiques (boire, manger, dormir), dans les sociétés comme la nôtre où chacun mange a sa faim, ne vit pas dans un sentiment fort d’insécurité et qu’il n’y a pas de carence trop forte en termes affectifs, les choses comme l’estime de soi et l’actualisation de soi sont vécus non seulement comme des bonnes choses à avoir – des cerises sur un éventuel gâteau – mais comme des besoins sans lesquels notre bien-être fondamental est menacé. Le développement d’une société est une bonne chose à tous égards (même si la façon dont se manifeste ce développement en occident est discutable). Cependant, il est toujours accompagné du développement d’une fragilité bien plus forte. Là où certains sentiront que leurs besoins sont assouvis à condition d’avoir de l’amour et de l’eau fraîche, nos contemporains qui ont grandi à l’ère non-seulement du lave-vaisselle et du micro-onde, mais aussi de la montre connectée et des assistants électroniques à domicile seront naturellement plus fragiles face aux difficultés de la vie.

De fait, l’enjeu est sociétal : les thérapies en tout genre pullulent, les livres de développement de soi ont le vent en poupe, les symptômes d’un mal-être interne se voient de plus en plus fréquents et chacun se tourne vers autant de méthodes et de soi-disant remèdes, du yoga au zumba en passant par le coloriage et j’en passe. Ces symptômes étaient déjà visibles bien avant la crise du COVID-19.

Cette évolution devrait nous questionner et nous conduire à réfléchir profondément, nous qui sommes chrétiens. En tant que peuple qui confesse que Jésus est Seigneur du monde, les évolutions dans notre société devraient nous conduire à chercher à les comprendre. Comme l’a dit Abraham Kuyper, « il n’y a pas un cm2 dans tout l’univers créé sur lequel Christ ne dise "c’est à moi !" ». Cela inclut la question du bien-être. En tant que peuple qui confesse que Jésus est sauveur, le mal-être et l’aspiration au bien-être de nos contemporains devraient nous conduire à avoir quelque chose à dire pour répondre de notre espérance.
Je n’ai pas la prétention d’avoir quelque chose à dire qui va intéresser un grand public. Cependant, j’espère avec cette série d’articles faire ressortir un nombre de choses qui pourront aider le peuple qui suit Jésus-Christ à écouter fraîchement ce que celui que nous appelons « Messie » a à dire à ce sujet.

La Bible n’est pas un livre de recettes miracles ; cependant elle a quelque chose de valeur à dire sur chaque sujet ayant trait à la profondeur de l’expérience humaine. Je suis même convaincu que le chemin vers ce à quoi aspirent nos contemporains se trouvera plus totalement dans les pages des écrits anciens inspirés par l’Esprit-Saint lui-même que dans les rayons « Bien-être » de la Fnac… Pas que ces livres n’aient absolument rien à nous apporter ; mais seulement s’ils peuvent être lus et appréhendés à la lumière des enseignements de Jésus-Christ, et de ses Apôtres et Prophètes. Que la Parole de Dieu nous permette de bâtir sur le roc au milieu d’une génération qui semble fondée de plus en plus sur un sol sablonneux et friable.

Le souci de cette série d’articles me semble d’autant plus pressant que les méthodes du monde s’infiltrent dans les enseignements d’Églises en recherche de pertinence. Que ces quelques articles aident, humblement, à ce que la tendance finisse par s’inverser.

À la fin de chacun de ces articles, je vais lister une idée phare, qui aideront à récapituler la série, une fois qu’elle sera arrivée à sa conclusion.

Idée 1 : « La question du bien-être doit être abordée, et la Bible a quelque chose à dire dessus. »

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