Témoignage personnel – Mon appel (pt. 3) – Quand Dieu nous prépare


La semaine qui a suivi le samedi 7 août 2004 a bouleversé ma vie. Il y a eu un avant et un après ces moments. Ma vie a totalement changé de cours, et ce que je suis aujourd’hui, je ne le serais pas sans les événements de cette semaine.

C’est au cours de cette semaine que Dieu a mis sa main sur moi de telle sorte que je prenne conscience qu’il m’appelait à une vie de service au sein de l’Église. « Appel », « vocation », appelez cela ce que vous voulez, c’était en tous cas un moment fort dans ma vie. 

Article n°1 – Quand Dieu est renversant

Je vous ai raconté comment j’en suis venu à ressentir un appel pour être responsable d’Église dans le premier article. C’est bien. Mais après, il se passe quoi ? Eh bien voici les différentes étapes de comment Dieu m’a conduit et préparé. Je suis convaincu que je suis encore en train d’être préparé, à bien des niveaux, pour les choses que Dieu veut de moi ; mais il y a des moments clé, où on peut vraiment dire qu’on est entré dans notre appel. Pour moi, c’était le moment où j’ai été reconnu comme ancien de l’église CVV, le 14 septembre 2015, donc plus de 11 ans après avoir vécu cette expérience d’appel initial. Il s’est aussi passé beaucoup de choses depuis, et notamment l’implantation de Fireplace et une implication croissante auprès d’autres églises et implantations d’églises au sein de New Ground, mais je vais vous raconter l’histoire des choses que Dieu m’a apprises entre Août 2004 et Septembre 2015. 

Les fondations 

En réalité, des fondations solides avaient été posées dans ma vie par mes parents, qui nous ont toujours présenté le Seigneur et nous ont conduit dans un vécu équilibré de la vie avec Dieu, par leur exemple plein de sagesse et de passion. Les camps où j’ai pu aller dans mon enfance, autant Soul Survivor et NewDay en Angleterre que les camps Fabricants de Joie en France m’ont aussi apporté des choses dans lesquelles je puise encore aujourd’hui, consciemment ou pas. Ceci étant dit, même si je me rends compte a posteriori d’avoir été un arbre planté en bonne terre, ce n’était pas du tout l’impression que j’avais de moi-même au moment de mon appel. On dit que Dieu n’appelle pas les gens qualifiés ; mais qu’il qualifie les gens appelés. C’est quelque chose qui résonne vraiment chez moi. Je n’avais aucune compétence en leadership, aucune pensée structurée sur Dieu, aucune idée de comment aller vers l’accomplissement de mon appel. Je n’étais pas sûr de moi, je bégayais, je n’avais que très peu d’expérience de prise de parole en public, surtout pour dire des trucs structurés… Bref. Pas qualifié quoi. 

Le premier mentorat et la structuration de la pensée 

J’ai ensuite eu le privilège d’être pris sous l’aile de Nicolas Thébault, qui m’accueillait en Guinée (2004-05). En arrivant sur place, il m’a demandé s’il y a des choses que je voulais apprendre pendant mon année. Je lui ai donc avoué que je venais de ressentir ce sentiment d’appel. 

- Ah oui, et tes parents en pensent quoi ? 
- Ils sont ok avec 
- OK, bouge pas… 

Il revient 10 secondes plus tard avec son exemplaire amoché de Théologie Systématique de Wayne Grudem. « Tiens, lis ça, ça va t’aider à faire le tour des grosses questions de la théologie. Aucun sujet n’est abordé en profondeur – chacun des chapitres pourrait faire office d’un livre de cette taille-ci à lui tout seul, mais c’est un bon début. Tu ne seras pas d’accord avec tout, mais si t’as des questions, viens me voir et on en parle. » Donc me voilà, 1 400 pages entre les mains, sur le point de me plonger dans l’étude structurée de la théologie. C’était l’étape parfaite pour moi. Sur beaucoup de sujets, je me trouvais être d’accord avec Grudem et ses conclusions – preuve que mes fondations étaient bonnes, attestant du bon travail de mes parents dans ma vie. Mais je découvrais les termes techniques, la méthode de l’étude théologique, sans lesquels j’aurais peut-être eu plus de mal en arrivant à la fac de théologie. 

Mais plus que ça : Nicolas me faisait des commentaires fréquents sur l’Église, le leadership, la prédication et il me donnait beaucoup de conseils en cours de route. Tout ça était précieusement stocké. 

La fac et l’ancrage d’une vision théologique du monde 

Revenu en France après l’année en Guinée, Dieu a ouvert des portes de façon miraculeuse pour que je puisse commencer mes études en théologie dès cette année (2005-06), conformément à sa promesse au moment de mon appel. Il est fidèle ! J’ai passé trois années à la Faculté de Théologie de Vaux-sur-Seine à suivre une licence. Bases de grec et d’hébreu, compréhension du contexte biblique, éthique, histoire de l’Église, théologie systématique, théologie pratique… Voilà les domaines dans lesquels j’ai acquis des connaissances et des compétences pour pousser ma formation plus loin tout seul une fois les études finies. 

Premiers pas dans le ministère 

J’ai également eu l’occasion de prêcher pour la première fois en fin 2005 (soit à l’âge de 18 ans…) dans mon église et aux camps Fabricants de Joie. J’étais aussi investi avec les Fabricants de Joie en tant que responsable, et je me suis impliqué dans différents comités de la fac. J’étais résolu à faire mes armes, à saisir toute opportunité qu’on m’offrirait. Je n’ai pas rechigné face à des choses plus « petites ». J’essayais d’être le premier là pour installer les chaises et le dernier parti pour dire bonjour aux personnes nouvelles dans l’église ; j’essayais de m’intéresser aux personnes à qui les gens ne s’intéressaient pas en général, et de donner des réponses aussi réfléchies et justes que possibles à des gens qui me posaient des questions sur Dieu, la vie, l’Église. Je prenais vraiment au sérieux mon appel, et je cherchais à toujours grandir. Pendant l’année 2006-07 (2è année de fac), âgé de 19 ans, j’étais responsable aux Fabricants de Joie, responsable du « comité mission » et membre du « comité culte » de la Fac, j’étais responsable des ados dans une église à Maisons-Laffitte le matin et, l’après-midi, j’allais au culte de l’église où mon père était pasteur à Paris et j’y ai été élu dans une équipe de 8 personnes qui servaient de groupe de conseil pour mon père. Pas mal (trop ?) de casquettes, à côté des études et d’une relation naissante avec celle qui allait devenir ma femme...

Décisions, décisions, décisions 

Et en parlant de Rebecca – étant déjà conscient de mon appel, je devais prendre mes décisions de vie en orientant tout autour du fait de pouvoir être positionné pour ce à quoi Dieu m’appelait. Donc très vite avec Rebecca, on ne discutait pas juste de notre avenir ensemble, mais aussi de voir si elle allait pouvoir bien vivre mon appel. Et on savait très bien que si la réponse était non, on n’allait pas pouvoir poursuivre notre route ensemble. Cette grosse décision de vie est un exemple parmi d’autres de comment les décisions que je prenais étaient orientées pour me positionner pour porter du fruit. 

Des gifles, des baffes, des parpaings 

Et au milieu de tout ça, avec des réussites et une première mesure de fruit, je me suis pris des baffes pas possibles. Certaines des choses dans lesquels j’étais impliqué grandissaient et fleurissaient. Mais d’autres choses ont piqué du nez jusqu’à presque disparaître totalement sous mon leadership. Ça pique. Une de mes expériences les plus violentes était dans mon rôle de pasteur de jeunes : certains des parents n’étaient pas d’accord avec mon côté assez « cash » (concrètement, on m’a reproché d’enseigner aux ados que Jésus était le seul chemin pour être sauvé), et j’ai dû faire face à des parents qui déversaient leur ire sur moi, avec un pasteur de l’église qui ne me défendait pas… Bref, j’apprenais aussi que le ministère, c’est des sacrées baffes parfois. Et là, le risque de fuir, ou, à l’inverse, de s’endurcir, est terrible. « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » (Pr 4.22). 

Développement d’une vision personnelle et croissance dans le ministère 

Après la fac, j’ai pu prendre un poste à mi-temps comme pasteur de jeunes dans une église anglophone qui appréciait plus le ministère que j’exerçais, à Versailles (sept 2008). Mais on savait que Dieu nous appelait pour la France, donc je me suis engagé auprès de Jeunesse Pour Christ et on a rejoint CVV, une église francophone (janv 2011). Là-bas, j’y ai rencontré des personnes qui ont formé et forgé notre vision de l’Église, notamment William et Hannah Perrier et George et Gill Tee, qui ont investi du temps en nous. J’ai ensuite pu participer à des réunions de responsable dans l’église. 

David Holden, le responsable de New Ground m’a invité à prendre un an avec lui en Angleterre, (2013-14). J’ai voyagé partout avec lui, échangé, posé des questions, vu un modèle sain et digne d’être imité à New Community Church à Londres. Au retour à Paris (mai 2014), Gordon Neal et Johan Sode, les anciens de l’église CVV m’ont invité à rejoindre l’équipe de responsables à plein temps, et j’ai encore appris sous leur mentorat. En même que ça, je suivais l’Académie New Ground en Angleterre. 

J’avais développé ma vision. Je savais comment je voulais diriger ; où emmener une église, comment conduire un peuple (dans les grandes lignes – il y a un sens très réel où je suis encore en train d’apprendre). Mais il y avait une dernière leçon que Dieu voulait que j’apprenne… 

Une dernière gifle décisive 

Dans sa grande bonté, Dieu me préparait. Parfois sa bonté, face à notre dureté, demande qu’il emploie les grands moyens. J’avais une vision. Mais dans la saison où j’étais, Dieu voulait que j’apprenne à me soumettre et à servir la vision d’un autre. J’étais heureux de servir à CVV et d’aller dans le sens de la vision donnée par Gordon. Mais dans mon cœur, il y avait encore toutes sortes de motivations personnelles, qui allaient jusqu’à, en secret, cacher de la rébellion et de l’insoumission. Dieu a traité avec moi en l’espace d’un mois : une discussion franche avec un grand frère dans la foi, qui a repéré ces zones d’insoumission et qui m’a challengé dessus. Bim ! Aïe… S’en est suivi une prédication à l’Académie sur l’attitude honorable de David face à Saül. Bim ! Aïe… Et pour finir, dans une conférence New Ground, j’ai écouté une prédication sur Jonathan et son porteur d’armes, qui demandait : « De qui es-tu le porteur d’armes ? » Je me suis rendu compte que je me comportais comme un Jonathan qui cherchait des porteurs d’armes qui pouvaient servir la vision que Dieu m’avait donnée, sans me rendre compte que Dieu me demandait par-dessus tout d’être le porteur d’armes de quelqu’un d’autre. Bim ! Aïe… 

J’ai confessé à Gordon et Johan ce que j’avais dans mon cœur. En parallèle à tout ça, ils étaient déjà en train d’avoir des conversations avec David Holden pour me nommer ancien dans l’Église. En septembre 2015, David imposait les mains sur moi. 

Dieu avait traité avec moi, m’avait préparé. 

Attendez-vous aussi à devoir être patients. Dieu veut vous préparer pour les choses auxquelles il vous appelle. Pendant tout ce processus, je me demandais pourquoi ça prenait tant de temps. Avec le recul, je me rends compte que ce n’était pas trop tôt – mais certainement pas trop tard non plus ! Je pourrais vous parler encore de beaucoup d’autres moments de préparation par lesquels Dieu m’a fait passer. Mais pour l’heure, ça suffit à illustrer ce que j’ai à cœur de transmettre.

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