Un peu de sérieux... – Nos temps chantés

Cet article fait partie d’une série d’articles dans laquelle je cherche à appeler le mouvement charismatique auquel j’appartiens à quelque chose de plus équilibré, de plus puissant et de plus biblique.


🎼🎤"Je suis né de Dieu ! Je suis victorieux ! Né pour influencer ! Rempli du Saint-Esprit !

Wo-o-o-o-o-oh. Wo-o-o-o-o-oh. Wo-o-o-o-o-oh. Je suis plus que vainqueur.

Je suis plus que vainqueur (je suis plus que vainqueur). Bien plus qu'un conquérant (bien plus qu'un conquérant) !"🎤🎼

Comment dire ?

Est-ce qu'on est ok avec ça ? Ce serait peut-être bien qu'on ait une petite réflexion collective, là. Parce qu'on chante ça, pépère. On proclame. On déclare. On saute, on danse. Le chant fait bouger.

Alors rien contre la danse et la joie. Au contraire. Il faudrait qu'on soit un peu plus biblique et qu'on danse un peu plus dans nos célébrations. Mais là quoi...

Et on appelle ça de la louange ? De la "worship" ? Un peu de sérieux quoi...

La louange, c'est quoi ? C'est louer. Mais "louer" est un verbe transitif. On ne peut pas juste "louer". On loue quelqu'un. Il y a un "qui" qui se rattache à la louange. Or qui loue-t-on ? Comme le demande le psalmiste : "qui est ce roi de gloire ?" Réponse : 

"L'Éternel, si fort et si puissant" (Ps 24.8). C'est lui qui est le sujet de notre louange. C'est lui à que nous regardons. C'est lui que nous contemplons. C'est lui que nous adorons.

Comme le dit John Piper, "Dieu est le plus glorifié par nous lorsque nous sommes pleinement satisfaits par lui." Rien ne l'honore plus que des cœurs qui lui disent qu'il nous suffit, qu'il est notre plus grand bien, qu'il est au-dessus de tout le reste, que rien ne lui arrive à la cheville et que nos cœurs sont totalement captivés par lui. 

Voici de la louange : "O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche. Mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi, dans une terre aride, desséchée, sans eau. [...]. Je serai rassasié comme par une nourriture succulente et abondante, et, avec des cris de joie sur les lèvres, je te célébrerai, lorsque je penserai à toi sur mon lit, lorsque je méditerai sur toi pendant les heures de la nuit." (Ps 63)

La "worship", c'est pas un style musical. C'est un mot anglais, dont l'étymologie indique qu'il s'agit d'attribuer de la valeur à quelqu'un. C'est une contraction de "worth-ship". C'est dire à Dieu sa valeur à lui.

Purée, mais le fait qu'on ait même à dire ça est juste catastrophique. Désolé de le dire, mais offrir sa louange à Dieu depuis le cœur, par notre vie et nos paroles, est le cœur du christianisme, et si on peut attribuer de la louange à quelqu'un d'autre que Dieu, on est mal barrés et moi ça me fait me demander à quoi on s'est converti. Les chrétiens se convertissent non pas à un style de musique. Pas à une promesse de vie meilleure, ou de vie victorieuse, ou de "victoires" et de "conquêtes" pour "accomplir nos rêves". Pas à une communauté. Nous nous convertissons pour devenir les conquêtes de Christ. Paul a vu Jésus dans sa gloire et il est mort à lui-même pour vivre pour Christ. Sa vie, ses paroles sont devenues radicalement centrées sur Dieu. Il a connu une révolution dans sa focalisation. Son regard était, dès le moment de sa conversion, porté sur Dieu.

De plus en plus, on se rend compte que nos temps chantés sont plus longs et ont un contenu plus structurant pour la foi que les prédications dans les églises évangéliques. Si notre louange n'est pas orientée au bon endroit, nous ne sommes plus chrétiens à proprement parler. L'individualisme s'est immiscé dans nos églises, associé à un émotionalisme à outrance (on a cette tendance à lever les mains quand la musique devient forte, plutôt que lorsque les paroles nous font dire à Dieu ses merveilles).

Un peu de sérieux ? S'il vous plait ? Et regardons à Christ, régalons-nous de lui, pour lui. Et si cela ne nous "parle" pas, à quoi s'est-on converti ?

Retrouvez les autres articles de la série ici : Série “Un peu de sérieux...”

P.S. Petit post scriptum : une autre chose qui me chagrine (même si c'est moins alarmant que la louange centrée sur soi) et que je vois dans le christianisme évangélique de façon générale – et là je vais me faire moins d'amis du côté non-charismatique, qui semblent prendre un malin plaisir à sur-kiffer cette série 😆 – est une tendance, portée par le côté très émotionaliste de notre culture de louange, à privilégier les chants aux tons mélancoliques. La mélancolie, ou même les larmes sont marqueurs d'une émotion forte. Mais être touché dans ses émotions ne signifie pas nécessairement être touché par Dieu. Or quand je lis les Psaumes, l'émotion qui est la plus associée à la louange est la joie. Les Psaumes parlent de battre des mains, de sauter de joie, de danser en l'honneur de l'Éternel. Or même cela, qui était un des marqueurs forts des églises charismatiques, semble être en train de se perdre... Écoutez les chants des 3 ou 4 derniers albums sortis par les grands noms de la musique de louange (dont la grande majorité sont au moins de tendance charismatique), et dîtes-moi lesquels suscitent en vous plutôt des larmes et de la mélancolie et lesquels suscitent en vous des cris de joie et une envie de danser ? Nous sommes le peuple libéré de Dieu, éternellement et glorieusement sauvés de nos péchés, qui ont été éloignés de nous pour nous conduire dans une relation libérée de toute entrave avec le Dieu éternellement joyeux, qui n'a jamais été frustré – pas une seule fois. Que nos chants et nos temps de louange chantée reviennent à cette explosion de joie (même en contexte pandémique – c'est peut-être maintenant plus qu'à n'importe quel autre moment que nous avons besoin de lever les yeux et voir Dieu, et trouver en lui notre joie, puisque rien ne semble pouvoir nous apporter de la joie en dehors de lui dans un contexte comme celui-ci). Un peu de sérieux quoi : soyons moins sérieux dans le mode de chants empruntés et dansons de joie devant lui !

P.P.S. Bon, l'article a l'air de pas mal parler aux gens. Comme la louange est un sujet qui me passionne, voici deux articles que j'avais originellement écrit pour le groupe de louange à Fireplace

Commentaires

  1. Bravo pour le passage sur la mélancolie, je suis tout à fait d'accord, et plein de chrétiens le sont aussi, je le sais pour en avoir parlé à plusieurs, oui, amen, amen, de la joie, de la joie, évidemment. j'adhère à 10 000 % à tout ce que vous dites.

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