Dieu est-il pour notre bien-être ? – Le bien-être et Jésus, Pt. 1

 



Nous avons établi que le bien-être est un des objectifs les plus importants pour nos sociétés modernes. Continuons en posant cette question : « Notre bien-être est-il un des objectifs de Dieu ? »

Rien que le fait de poser cette question est important, parce que cela permet de questionner nos présupposés. Il y a des choses que nous prenons pour acquises, et dès que nous faisons cela, nous mettons Dieu à notre service : « Bien sûr que Dieu voit le monde comme je le vois ! » Se pourrait-il que ce ne soit pas le cas ? Nos définitions sont-elles les siennes ? Nos objectifs sont-ils les siens ? Ce genre de question est la première étape pour penser bibliquement : nous laissons Dieu orienter et cadrer la conversation.

1. Réponse simple

Un bref survol de la Bible nous permet d’apporter une première réponse simple : « Oui. » Dieu crée un monde bon et place l’homme dedans et le mandate pour développer et pour cultiver et pour croître. Le monde est bon et Dieu veut que l’homme vive bien dans ce monde. Lorsque Dieu intervient, ce simple « Oui » ressort très souvent : il libère un peuple de l’esclavage parce qu’il a entendu leur désespoir, il prend parti pour ceux qui sont opprimés, faibles, malheureux, affligés. Il vient, en Jésus, pour offrir à l’homme une vie marquée par l’abondance, il guérit toutes sortes de maladies, libère de divers types d’afflictions. Il ôte la culpabilité et nous donne de trouver en lui de quoi « régner dans la vie » (Ro 5.17) plutôt que dans la mort. Il nous enseigne que les marqueurs de son Royaume sont « la justice, la paix, et la joie par le Saint-Esprit » (Ro 14.17). Il nous appelle à faire le bien envers tous et à conduire les gens à le connaître, lui, la source d’eau vive, agrémentant notre message de signes attestant de la présence déjà d’un Royaume à venir. Son mandat était d’« annoncer la bonne nouvelle aux pauvres […] ; guérir ceux qui ont le cœur brisé, […] proclamer aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, […] renvoyer libres les opprimés, [et] proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4.18-19) ; bref, d’être la « lumière des nations » (És 49.6). Il a étendu ce mandat à tout son peuple (Ac 13.47), pour que nous préparions, tels des signes avant-coureurs, le moment où le règne céleste de Christ vient pleinement sur terre, conduisant à un moment où il n’y aurait ni larme, ni deuil, ni cri (Ap 21.4). Nous pourrions rajouter : ni dépression, ni anxiété, ni mal-être mental, ni fragilité interne, ni trouble de la personnalité, ni confusion sexuelle, ni tristesse, ni brisure, ni fracture relationnelle, ni quoi que ce soit d’autre. Voilà la volonté de Dieu au sens simple. D’une certaine manière, cela suffit : cela suffit pour prier. Cela suffit pour approcher Dieu. Cela suffit pour savoir comment nous conduire : si nous cherchons le bien-être de tous, nous ne ferons pas mal. Si nous cherchons le mal-être des gens, nous ne ferons pas bien. Dieu veut le bien-être physique, mental, émotionnel, spirituel, matériel, financier, sexuel, intellectuel de tous ; l’épanouissement humain fait partie des objectifs à rechercher de la part des citoyens de son Royaume. « Oui » est une réponse juste à la question posée en début d’article ; « Non » est une réponse fausse à la question posée en début d’article.

2. Réponse complexe

Il faut, cependant, qualifier, définir ce « Oui » ; apporter de la nuance à cette réponse simple.

a. La vue d’ensemble de Dieu

Dans le plan de Dieu, le bien-être ultime et général de l’humanité passe parfois par le mal-être temporaire et localisé de certains. Il semble que pour tous les récits comme l’Exode (qui, d’ailleurs, inclut de la destruction sur fond de libération), nous ayons un récit comme l’Arche de Noé (qui inclut de la délivrance, sur font de destruction). L’intention finale est toujours le bien-être humain, comme corollaire d’un objectif divin plus grand et plus ultime encore : la mise en vue de sa propre gloire. Ce paragraphe pose plus de questions qu’il n’en répond et il faudrait l’explorer en un livre de 10 tomes, mais nous devons avancer.

b. Le bien ultime de l’homme

Le deuxième élément de nuance, qui vient de ce premier, est celui-ci : le bien-être ultime de l’homme est le suivant : sa délectation absolue en Dieu lui-même. Ceci donne une définition biblique du bien-être : pas avant tout la paix intérieure, la prospérité matérielle ou la santé physique, mais la joie en Dieu. Parfois il se peut même que notre recherche d’un bien mineur soit un frein à la recherche du bien-être majeur. Tel un bol de Dragibus avalés dans la voiture, qui couperait notre appétit et nous empêcherait de vivre la pleine délectation du repas 5 étoiles, l’obsession avec les bien-êtres naturels peut prendre la place du bien-être le plus grand. En enseignant sur la prière, Jésus montre que ceux qui placent leur recherche de l’estime dans le regard des autres au-dessus de leur joie en Dieu auront bien la récompense voulue, mais aux dépens de la joie la plus grande (Mt 6.5-6). Tant de témoignages racontent que, même en prison, dénués de tout confort humain, certains ont trouvé des saisons de grand bien-être, par le seul fait que leur plus grand bien (Dieu lui-même) se trouvait particulièrement proche d’eux pendant cette période d’emprisonnement.

c. La discipline du Père

Un troisième élément de nuance est celui-ci : la Bible est bien claire, à divers endroits, que certaines des choses que nous traversons sont voulues par Dieu pour raffiner notre caractère. Il s’agit de la première partie de la réponse du livre de Job à la question de la souffrance du juste, à travers le discours d’Élihu. D’autres textes reprennent ce thème et parlent du privilège de recevoir la discipline du Père en tant qu’enfants de Dieu. De nouveau, un mal-être temporaire peut être offert en vue du bien-être plus grand de notre ressemblance et notre proximité à Christ, dans cette vie et, enfin, dans la suivante. C’est en gardant ceci en tête que nous comprenons le fait que, en dernière analyse, « tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » (Ro 8.28).

d. La vie de sacrifice du disciple

Enfin, il faut rajouter ceci : la façon de rechercher le bien-être des autres, pour Jésus, est passée par un grand mal-être personnel – sa mort agonisante sur une croix romaine et l’aliénation d’avec le Père et l’Esprit-Saint. Ceux qui sont appelés du nom de Christ – les chrétiens – sont appelés à suivre Jésus. Glorieusement, nous sommes au bénéfice de ses souffrances, et même si nous n’y rajoutions rien, cela serait totalement suffisant pour garantir notre salut et notre statut devant Dieu. Ce sont les œuvres de Christ qui nous sauvent – les nôtres n’atteignent pas le bord inférieur de son vêtement. Mais, tout aussi glorieusement, alors que nous sommes totalement libérés du besoin de produire des œuvres pour être acceptables et acceptés par Dieu, nous devenons partenaires de Dieu et collaborateurs avec Christ. L’avancée du Royaume, dans ce monde marqué par le péché, passera souvent par une mesure de sacrifice personnel. Cela fait partie de l’enseignement apostolique de base (Ac 14.21-22) et peut même aller très loin, au point où, dans le cas de Paul, il parle de sa vie comme d’une « libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi » (Ph 2.17) et il parle du fait qu’il « supplée dans [sa] vie à ce qui manque aux peines infligées à Christ » (Col 1.24) ! Langage choquant si on le comprend comme « rajouter aux œuvres du Christ en vue du salut, » mais qui prend tout son sens lorsque l’on comprend les souffrances comme une façon normale de participer à l’avancée du Royaume : nous, le peuple de Dieu, depuis la position fondamentale de notre joie éternelle et ultime trouvée en Jésus-Christ, totalement libérés de notre condamnation, de l’emprise du péché, sous le fardeau léger de Jésus, sommes ressuscités avec Christ – et si nous le sommes, c’est pour vivre pour Dieu que nous le sommes. Cette liberté nous affranchit de cet esclavage qui nous fait penser uniquement à nous-mêmes, et fait que nous, croyants, sommes libres pour même aller jusqu’à mettre notre bien-être personnel au second rang, pour nous mettre au service d’un monde qui a besoin de Dieu.

Pour conclure, voici donc la deuxième idée que nous pouvons tirer de cette étude :

Idée 2 : « Dieu veut notre bien-être à tous, à tous les niveaux, mais pas forcément comme nous l’entendons. »

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