Mon appel (pt. 5) – Mon appel et mon identité

La semaine qui a suivi le samedi 7 août 2004 a bouleversé ma vie. Il y a eu un avant et un après ces moments. Ma vie a totalement changé de cours, et ce que je suis aujourd’hui, je ne le serais pas sans les événements de cette semaine. 

C’est au cours de cette semaine que Dieu a mis sa main sur moi de telle sorte que je prenne conscience qu’il m’appelait à une vie de service au sein de l’Église. « Appel », « vocation », appelez cela ce que vous voulez, c’était en tous cas un moment fort dans ma vie. 

Article n°1 – Quand Dieu est renversant | Article n°2 – Quand Dieu nous prépare

On va commencer cette deuxième partie de la série en regardant la question de notre identité, avant de regarder le danger réel que le ministère devienne notre idole, et enfin comment voir le ministère comme un appel et pas comme une carrière.

Cette question de l'identité est un vrai sujet pour tant de personnes qui sont impliquées dans le ministère, ou qui aspirent à l'être. Et ça peut se comprendre : le fait de servir le peuple de Dieu est tellement réjouissant, et la responsabilité que l'on peut en ressentir est si grande, avec des ramifications pour tant de choses dans nos vies qu'il peut devenir très facile de se laisser définir par notre appel, notre ministère.

Sois-en profondément conscient : tu n'es pas ton ministère ; ton ministère ne définit pas qui tu es. Cela peut être une très grande partie de ce qui occupe ton quotidien, tes décisions, tes actions, ton positionnement dans tant de situations différentes. Mais tu es plus que ton ministère

La façon biblique de définir son identité est de considérer comment Dieu te voit. Et au jour où tu le verras face à face, ce n'est pas avec ton titre ministériel, ta reconnaissance auprès des hommes, qu'il t'adressera la parole. Il s'adressera à toi, comme à chaque autre membre de son peuple élu, et il t'appellera « toi qui es bénis par mon Père » (Mt 25.34).

Dieu ne nous considère pas par rapport au rôle que nous avons tenu, par rapport à notre ministère. Nous sommes ce que nous sommes (comme l'est chaque autre chrétien) parce que nous sommes les enfants de Dieu, sur qui il porte son dévolu, les objets de sa bénédiction active et continue. Nous sommes des enfants de Dieu, et voilà notre identité. 

Cette question est essentielle pour vivre son ministère de façon équilibrée, sinon, nos circonstances vont nous ébranler. Si notre ministère nous paraît petit, alors nous considérerons que nous sommes petits ; si notre ministère nous paraît grand, alors nous nous considérerons comme grands. Mais ce n'est pas notre ministère qui nous définit : c'est Dieu. Et sa vision de toi est la même, peu importe ton ministère. 

Ainsi, si tu ressens un appel de la part de Dieu, commence à t'ancrer profondément dans ta compréhension de comment Dieu te voit, parce que le ministère chrétien est une violente tempête qui va secouer tes fondations personnelles – que ton ministère soit, à tes yeux, un succès ou un échec (et il y a de fortes chances que tu vives à la fois le succès et l'échec dans le service chrétien – souvent simultanément), ces deux choses constituent tous deux une forme de tempête pour l'âme. 

Quel orgueil pouvons-nous avoir si ce que nous faisons de bon ne nous définit pas ? Je n'ai aucun orgueil à retirer du fait que mon Père est ce qu'il est. C'est lui qui est glorifié lorsque mon identité est cachée en lui. Quel désespoir avoir si ce que je fais ne me définit pas ? Je n'ai aucun désespoir dans le fait que je suis enfant de Dieu. Il est qui il est, et il ne changera pas.

Mais plus que cela : si notre identité est associée à notre ministère, alors nous ferons tout ce qu'il faut pour le préserver. Nous exercerons notre ministère pour plaire aux gens plutôt que pour plaire à Dieu, parce que cela nous semblera être le meilleur moyen d'accroître notre ministère. Ce n'est qu'en plaçant notre identité fermement dans le fait que nous sommes ce que nous sommes face à Dieu, indépendamment de notre performance, que nous pourrons le servir comme lui le désire plutôt que comme d'autres nous conduisent à le faire. Le vrai leadership commence avec une identité fermement ancrée.

Associé à cela est la question de la reconnaissance du ministère. On en parlera plus dans le dernier article, concernant la professionnalisation du ministère, mais disons-le déjà ici : un ministère que Dieu t'accorde devrait être reconnu par les hommes pour qu'on puisse soi-même le dire à notre sujet ; cependant, attention au danger de courir après la reconnaissance de son ministère. Une personne que Dieu utilise peut se réjouir d'être utilisée par Dieu et de porter du fruit dans la vie des gens, peu importe la reconnaissance reçue. Cela ne dédouane pas les responsables qui tardent et traînent les pieds pour reconnaître et nommer les personnes de bon caractère, que Dieu utilise, dans l'Église. Mais en ce qui concerne la personne en question, si ton identité est en Christ et pas dans ton ministère, la non-reconnaissance ne sera pas un souci aussi aigu que si ton identité, d'une façon ou d'une autre, est attachée à ton ministère.

Ainsi, l'appel chrétien doit commencer par cette phase de préparation, et la préparation la plus fondamentale est celle du caractère chrétien

Comme le dit Paul : 

« En effet, je suis le plus petit des apôtres et je ne mérite même pas d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu. Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été sans résultat. Au contraire, j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Co 15.9-10).

Quel équilibre ! Il aurait tellement de raisons de se dévaluer, mais il s'appuie sur le fait que son identité ne se trouve pas dans sa supposée mesure face aux autres. Son identité est totalement dépendante de ce que Dieu dit sur lui. « Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis ».

Il ne tombe pas dans l'orgueil de son apostolat, reconnaissant qu'il n'est rien par rapport aux autres ; mais ne tombe pas dans le misérabilisme non plus : « Sa grâce envers moi n'a pas été sans résultat. »

Il ne dit pas non plus que ce qu'il fait n'est rien, ou qu'il faut juste laisser faire les choses : nos choix, nos décisions, nos actions comptent vraiment : « Au contraire, j'ai travaillé plus qu'eux tous ».

Mais en fin de compte, il sait que même le fruit qu'il porte n'est pas à mettre à son compte, mais est, lui aussi, le fruit de l'œuvre de Dieu dans sa vie, et donc il ne peut pas s'en vanter, d'une manière ou d'une autre : « non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. »

Cette question de notre identité est absolument fondamentale dans le développement d'un ministère équilibré. N'entrez pas dans quelque appel que vous penseriez avoir si cette question de votre identité n'est pas fermement posée. Alors que je regarde à quels leaders développer, ceux à qui je vais accorder le plus de temps sont ceux qui démontrent, de par leur équilibre personnel, manifesté par un caractère solide, que leur identité se trouve en Dieu, et dans la joie profonde d'être, par dessus tout, des personnes « bénies par le Père ».

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