Mon appel (pt. 6) – Quand mon appel devient une idole

La semaine qui a suivi le samedi 7 août 2004 a bouleversé ma vie. Il y a eu un avant et un après ces moments. Ma vie a totalement changé de cours, et ce que je suis aujourd’hui, je ne le serais pas sans les événements de cette semaine. 

C’est au cours de cette semaine que Dieu a mis sa main sur moi de telle sorte que je prenne conscience qu’il m’appelait à une vie de service au sein de l’Église. « Appel », « vocation », appelez cela ce que vous voulez, c’était en tous cas un moment fort dans ma vie. 

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Tim Keller nous aide à reconnaître ce qui constitue une idole dans notre vie. Posez-vous la question : "qu'y a-t-il dans votre vie, où vous auriez l'impression que votre monde s'écroule si on vous l'enlevait ?"

Pour certains, la réponse à cette question serait leur carrière. Pour d'autres, leur argent. Pour d'autres, c'est plus subtil : leur sécurité financière (si je te disais qu'à compter de ce jour, tu n'aurais plus jamais un seul CDI de ta vie, et que tu iras de petit boulot en petit boulot, comment te sentirais-tu ?) Pour d'autres c'est très sournois : nous sommes d'accord que ces choses précédentes sont toutes des choses bonnes, jusqu'à ce qu'elles deviennent ultimes. Mais pour certains leur idole est non seulement quelque chose de bon, mais quelque chose d'excellent : leur famille. Si je vous disais que votre femme, votre mari, vos enfants allaient vous êtres enlevés, auriez-vous l'impression que c'est votre monde qui s'écroule ? Si c'est le cas, alors leur place dans votre cœur est devenue trop grande. Le décès d'un proche conduit légitimement à la plus grande des tristesses et à un deuil des plus sérieux. Mais ils ne sont pas notre monde, et ils ne sont pas ultimes. Nous ne pouvons pas faire reposer sur eux le poids de notre joie ultime : ils ne peuvent pas tenir ce poids ; ce n'est pas leur rôle. Dieu seul devrait être celui qui, si on nous l'enlevait, notre monde s'écroulerait. Parce que seul cela correspond à la vérité ; et seul cela peut nous faire vivre dans la confiance absolue qui peut être le partage des enfants de Dieu, parce qu'il ne faillira jamais, et ne nous lâchera jamais.

Je vais vous faire une confession : ce qui risque le plus, dans mon cœur, de constituer une idole, c'est mon ministère. C'est à nouveau quelque chose de très sournois ; et je peux vous assurer que je ne suis pas le seul pour qui c'est le cas. C'est sournois, parce qu'on peut rapidement confondre aimer Dieu et aimer la sphère de ministère qu'il nous a confié.

Dans mon église précédente, j'ai beaucoup passé de temps avec un autre jeune homme, qui ressentait également très fortement un appel de Dieu sur sa vie, Jonathan Valbon, et il aimait à parler de cette réalité de la manière suivante : on peut être tentés d'aimer l'épouse plutôt que l'Époux. On peut même "draguer" l'épouse : exercer son ministère d'une façon telle que les yeux de l'épouse se portent sur l'ami de l'époux plutôt que sur l'époux (cf Jn 3.29). Faisons très attention à cela. Aujourd'hui, dans votre Église, faites-vous intentionnellement les choses pour que les yeux soient vraiment portés sur Jésus et pas sur vous ? Et si vous-vous rendez compte que c'est le cas, serez-vous prêts à prendre des mesures radicales pour rectifier cela ? Serez-vous prêts à changer des choses ? Serez-vous prêts à diminuer, pour que Christ croisse dans le cœur des membres de l'assemblée que vous servez ? Parce que dans notre amour légitime pour l'épouse, on peut commencer à l'aimer plutôt que l'Époux. Non, nous sommes appelés à, par allégeance à l'Époux, aimer l'Époux et, ainsi, aimer son épouse pour la conduire à ce qu'il y a de mieux pour elle, c'est-à-dire l'Époux.

Si vous n'êtes pas encore entrés dans votre ministère, mais que vous ressentez un appel, pensez dès maintenant au type de ministère que vous souhaitez exercer. Dans ce ministère, est-ce que vous envisagez une place centrale, visible ? Considérez, même si l'appel que Dieu place sur votre vie vous conduira peut-être à être central à un ministère donné ; et/ou qu'il vous conduira à être visible, que Dieu n'appelle personne à être central ou visible. Dieu appelle les gens à le servir et à servir son peuple, et si cela passe par un rôle central ou un rôle visible, c'est un corolaire de cela. Mais celui qui doit être toujours central et visible à travers votre appel, c'est Jésus. Il doit être plus central que vous, toujours ; et plus visible que vous, toujours. Si votre imaginaire vous conduit à entrevoir un ministère dans lequel celui qui est visible, c'est vous, alors vous envisagez mal votre ministère, et vous avez besoin d'un temps de repentance et de croissance dans votre caractère, votre maturité et votre amour pour le Christ. Si le regard des hommes est une tentation pour vous, alors fuyez, pour l'heure, le ministère visible.

Nous sommes appelés à servir Dieu, à chercher Dieu, à suivre Dieu et pas à bâtir notre ministère. Le ministère est le découlement naturel de personnes qui suivent Dieu d'une façon telle qu'ils peuvent aider d'autres. Tout part de l'amour pour Dieu, et de l'amour (ensuite, et comme une conséquence) de son peuple. Si l'amour de Dieu n'est pas premier dans votre cœur, alors vous courrez gravement le risque de faire de votre ministère une idole. 

Parce que nous avons été appelés à servir Dieu, et pas notre ministère. Nous avons été appelés à aimer Dieu, et pas notre ministère. Nous avons été appelés à nous donner à suivre l'appel de Dieu sur nos vies, et pas à suivre le ministère que Dieu nous aurait donné.

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