Mon appel (pt. 7) – Un ministère n'est PAS un métier !

 

La semaine qui a suivi le samedi 7 août 2004 a bouleversé ma vie. Il y a eu un avant et un après ces moments. Ma vie a totalement changé de cours, et ce que je suis aujourd’hui, je ne le serais pas sans les événements de cette semaine. 

C’est au cours de cette semaine que Dieu a mis sa main sur moi de telle sorte que je prenne conscience qu’il m’appelait à une vie de service au sein de l’Église. « Appel », « vocation », appelez cela ce que vous voulez, c’était en tous cas un moment fort dans ma vie. 

Article n°1 – Quand Dieu est renversant | Article n°2 – Quand Dieu nous prépare Article n°3 – Mon appel et mon identité | Article n°4 – Quand mon appel devient une idole

Cet article est adapté à partir d’extraits d’une prédication apportée à la Faculté de Vaux-sur-Seine pour des étudiants en théologie :

1 Co 9.13-27 

« Ne savez-vous pas que ceux qui assurent le service du culte sont nourris par le temple, que ceux qui servent à l'autel reçoivent une part de ce qui est offert sur l'autel ? De même aussi, le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l'Évangile de vivre de l'Évangile. Quant à moi, je n'ai eu recours à aucun de ces droits, et je n'écris pas cela pour qu'ils me soient accordés, car j'aimerais mieux mourir plutôt que de me laisser enlever ce sujet de fierté. Si j'annonce l'Évangile, il n'y a pour moi aucun sujet de fierté, car c'est une nécessité qui m'est imposée, et malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile ! Si je le fais de bon cœur, j'en ai la récompense ; mais si je le fais malgré moi, c'est une charge qui m'est confiée. Quelle est donc ma récompense ? C'est d'offrir gratuitement l'Évangile de Christ que j'annonce, sans faire usage de mon droit de prédicateur de l'Évangile. En effet, bien que libre vis-à-vis de tous, je me suis fait l'esclave de tous afin de gagner le plus grand nombre […]. Je me suis fait tout à tous afin d'en sauver de toute manière quelques-uns, et je fais cela à cause de l'Évangile afin d'avoir part à ses bénédictions […]. Tous les athlètes s'imposent toutes sortes de privations, et ils le font pour obtenir une couronne qui va se détruire ; mais nous, c'est pour une couronne indestructible. Moi donc, je cours, mais pas comme à l'aventure ; je boxe, mais non pour battre l'air. Au contraire, je traite durement mon corps et je le discipline, de peur d'être moi-même disqualifié après avoir prêché aux autres.

Il est bien possible qu’un nombre de lecteurs aient déjà, en lisant cette série, un certain ministère en tête au sein des multiples colorations ministérielles que présente la Bible. Vous savez, d’une manière ou d’une autre, que Jésus s’est saisi de vous pour vous mettre à part pour son service.

Et voici ce que ce passage, dans la première lettre de Paul aux Corinthiens est en train de vous dire : « Si vous pouvez faire autre chose que cela, alors de grâce, faites-le ! »

Les amis, cette voie du ministère chrétien est loin d’être simple. 

Mais cet article n’est pas un article pour vous dire de devenir des héros courageux. Cet article est là pour évaluer une seule chose : « est-ce que vous avez été appelé ? »

Qu’est-ce qui a tenu Paul dans toutes ces épreuves ? Il savait qu’il avait été appelé. Malheur à lui s’il fait naufrage une fois de plus ! Mais pas un malheur aussi grand que l’idée de ne pas prêcher l’Évangile de Jésus, selon le saint appel qu’il a reçu.

Avons-nous perdu le sens de la vocation céleste qui s’attache au fait de faire l’œuvre de Dieu ? Avec le développement des églises évangéliques en France (et c’est une bonne chose), on peut voir que le pastorat devient une solution plausible pour une bonne vie tranquille. Or le service de l’Église – celle que bâtit le Christ crucifié – n’a aucune garantie de tranquillité, et il demande, il nécessite, un sentiment puissant d’appel à ce ministère.

Alors comment discerner ? À la lumière de ce texte, comment discerner l’appel, ou l’absence d’appel sur votre vie ?

1. L’argent

Les versets 13-18 de notre texte parlent clairement d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ou plutôt de leur absence.

Si demain, votre union d’église vous dit : « écoutez, on a changé de structure. À partir de maintenant, aucun pasteur, aucun enseignant, aucun évangéliste etc. n’aura de salaire garanti, pas de fond central de ministères. Tout va dépendre de l’église, de sa situation. Vous allez sans doute devoir être bi-vocationnel », qu’est-ce que vous répondez ? Qu’est-ce que vous leur dîtes ? Comment est-ce que vous vous positionnez ? Est-ce que vous cherchez une autre union ? Est-ce que vous vous découragez ?

Parce qu’il faut qu’on soit bien clair : le ministère de Jésus n’est pas un plan de carrière. Paul fera ce que Dieu l’a appelé à faire, qu’il ait une fiche de paie ou pas ! Malheur à lui s’il n’a pas de quoi subvenir à ses besoins ? Non, malheur à lui s’il ne prêche pas l’Évangile. Et il se met au service du maître, confiant que c’est Dieu qui pourvoira à tous ses besoins, selon sa richesse, et avec gloire.

Si je te dis : « tu n’auras pas de poste rémunéré dans une église, pour le restant de ta vie », est-ce que tu es toujours intéressé ? Est-ce que tu serviras l’église, que tu sois rémunéré ou pas ? Est-ce que tu serviras l’église, même si ta carrière doit se faire autre part, à côté ? Et si tu as un travail séculier, est-ce qu’il sera quand même vu comme secondaire, dans tes priorités, par rapport à ton service envers l’Église ? C’est à cette question qu’on reconnaît la vocation, ou l’absence de vocation.

2. La liberté

Les versets 19 à 23 sont abondamment clairs sur cette question de la liberté qui est proposée à ceux qui sont appelés au service de l’Église de Dieu. 

Si je dis à ceux qui aspireraient au professorat dans un institut où une faculté théologique : « à la fin de tes études, tu devras enseigner l’Hébreu biblique, et jamais un seul cours d’Exégèse de l’Ancien Testament », est-ce que tu le feras ? Est-ce que ton appel à l’enseignement reste le même ?

Si je dis à ceux qui aspirent à un ministère pionnier : « tu te donneras, pour le reste de ton ministère, à implanter une église tous les vingt ans en Corrèze, et jamais une seule de ces églises ne dépassera les 30 personnes de ton vivant », est-ce que tu acceptes ?

Si je dis à ceux qui aspirent à une fonction pastorale : « tu ne seras jamais responsable d’une équipe pastorale, mais toujours pasteur adjoint, en train de servir la vision d’une autre personne », est-ce que tu ressens encore cet appel brulant au-dedans de toi ?

Parce que si le fait de laisser ta liberté personnelle à la poubelle te donne envie de fuir le ministère, alors fuis. Sauf… Si tu ne le peux pas.

3. La paix

Les versets 24 à 27 nous offrent une image du ministère très différente d’un C.S. Lewis en chaussons et en peignoir au coin du feu en train de fumer une pipe… Peut-être que c’est ça que Dieu vous réserve. Mais il n’y a aucune garantie. 

Peut-être que ça ressemblera plus à George Whitefield, qui était fréquemment malade de violentes secousses et d’états fiévreux, de telle sorte qu’il devait être transporté par d’autres personnes, jusqu’au lieu où il était attendu cet après-midi-là ; mais qu’il se levait quand même, et trouvait, en Dieu, la force de prêcher Christ aux Londoniens, pour le salut de nombreuses âmes.

Si c’est ça que Dieu vous réserve, est-ce que vous signez ?

Si j’étais ici en train de m’adresser aux églises de France, je leur dirais, depuis ce texte, de donner avec abondance et générosité, parce que les ministères méritent un soutien financier juste. Si je m’adressais aux églises de France, je leur dirais, depuis ce texte, de ne pas mettre de fardeaux sur ceux qui exercent le ministère. Si je m’adressais aux églises de France, je leur dirais, depuis ce texte, de soutenir leurs responsables, moralement, spirituellement, financièrement, relationnellement.

Mais ce n’est pas à eux que je m’adresse dans cet article.

Voici ce qu’a dit Spurgeon : « Supposez que je n’aie pas été appelé au ministère… C'eût été une chose terrible pour moi d’avoir occupé la place du veilleur sans avoir reçu le mandat du veilleur. »

Suppose que tu n’aies pas été appelé au ministère… Est-ce que pour toi, au fond du fond, c’est un plan de carrière ? Est-ce qu’il y a un sens très réel selon lequel c’est une manière d’être dans une position de liberté pour faire, enfin, les choses telles que tu les as à cœur dans l’église ? Est-ce que c’est, d’une façon ou d’une autre, pour vivre une vie paisible, éloignée du stress du monde de l’entreprise ou de l’éducation ou des métiers d’ouvriers, ou le reste ? Parce que si c’est ça, tu as choisi la mauvaise voie et tu vas te retrouver très déçu, très vite. Désabusé, épuisé, au bout de tes forces et peut-être même à douter de Dieu. Le ministère de Jésus demande d’avoir profondément reconnu notre faiblesse de cœur, et d’avoir appris à se reposer sur la force de Jésus et, surtout, de savoir que la voie que nous empruntons n’est pas une voie que nous nous aurions choisie pour nous-mêmes, mais la réponse à un appel lancé par Christ lui-même.

Et lorsque l’Église de Jésus sera servie par ceux qui ont été mandatés pour le service sacré de la prédication et le soin des églises et l’enseignement de la saine doctrine, nous pourrons lever, derrière nous, une génération d’hommes qui n’ont de crainte que pour Dieu, de volonté que pour sa gloire et de vision que pour l’extension du règne du glorieux Jésus.

Donc voici la question : Pouvez-vous dire : « Ma récompense ? C'est d'offrir gratuitement l'Évangile sans recourir à mes droits » ? Pouvez-vous dire : « bien que libre vis-à-vis de tous, je me suis fait l'esclave de tous » ? Pouvez-vous dire « je traite durement mon corps et je le discipline, de peur d'être moi-même disqualifié après avoir prêché aux autres » ?

Ma prière est que de nombreux jeunes hommes répondront « oui » à la lecture de ces articles. Et si cette réponse, pour toi, est authentiquement un « oui », alors lève les yeux : il y a une récompense attachée aux souffrances du ministère : 

Il est privé d’argent, mais il dit qu’il y a une « récompense, si je le fais de bon cœur ». 

Il perd en liberté personnelle, mais il le fait « Afin d'avoir part aux bénédictions de l’Évangile ». 

Il n’a pas de paix dans cette, vie, mais il court « Pour une couronne indestructible ».

Les amis, il y a une joie et une récompense dans le ministère. Mais vous devez, devez, devez avoir la conviction ferme que c’est Jésus qui vous y a appelé, et voilà pourquoi je sentais que cette série sur l’appel était importante.

Si jamais cette série vous a interpellé et que vous voulez parler de votre sentiment d’appel, parlez-en avec vos responsables d’église. Si vous avez d’autres questions à me poser dessus, n’hésitez pas à me joindre via Messenger.

Que Dieu vous bénisse et que le Maître de la moisson suscite encore dans notre pays un grand nombre d’ouvriers, pour sa gloire et pour l’extension de son Royaume.

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