S'en sortir : Le Royaume déjà et pas encore – Le bien-être et Jésus, Pt. 6



Nous avons posé, dans les cinq derniers articles, des jalons pour bien penser bibliquement la question du bien-être selon la Bible. On va maintenant passer à des considérations un peu plus pratiques : comment se sortir de notre sentiment de mal-être ? C’est bien beau que Dieu ait quelque chose à dire sur le bien-être, mais quelle est sa solution ? Quelles sont les choses qui nous aident à avancer, au-delà de notre sentiment de mal-être ?

Le premier outil est une juste compréhension de la théologie biblique du Royaume de Dieu. Comme nous l’avons vu, le plein Royaume de Dieu contient le bien-être total de tous ceux qui en sont les citoyens, dans chaque aspect de leur vie, du plus physique au plus spirituel – à tel point que cette distinction entre le matériel et le spirituel ne sera presque plus compréhensible : l’union du ciel avec la terre est la volonté de Dieu dans la plénitude des temps.

Voilà donc son intention en fin de compte.

Beaucoup de personnes trouvent leur mal-être dans une non-acceptation du fait que ce Royaume n’est pas là dans sa totalité, dans sa plénitude. Ou peut-être qu’il s’agit d’une incapacité à gérer le fait que nous vivons dans un monde déchu par rapport à la perfection d’origine voulue par Dieu.

Cette incompréhension peut conduire à placer sur Dieu la faute de son mal-être ; ou bien se culpabiliser de façon personnelle. D’une façon ou d’une autre, il y a, chez beaucoup de gens, une idée selon laquelle la souffrance n’est pas normale, et donc qu’il doit y avoir un problème (du côté de Dieu, ou de leur côté). La théologie chrétienne affirme de façon absolue que la souffrance est la chose la plus normale de l’expérience humaine, et qu’il n’y a rien d’anormal en vous si vous souffrez. Il n’y a pas non plus de lacune chez Dieu, bien que vous souffriez.

Le monde a été créé bon par un Dieu bon et souverain. L’action de l’humanité, représentée par Adam, a conduit à ce que ce monde soit déchu. Dès lors, la souffrance est quelque chose de normal. Paul le dit ainsi : « la mort a régné depuis Adam » (Ro 5.14). Cette « mort » nous affecte tous. Nous sommes tous marqués par la chute, de façon différente chez chacun. Certaines personnes connaîtront les effets de la chute de façon très marquée dans leur être intérieur. Mais vous n’êtes pas anormaux ; et surtout, cette situation n’est pas un acharnement de Dieu sur vous de façon particulière. Nous souffrons tous. Pas tous dans la même mesure, ni dans les mêmes domaines. Mais nous sommes tous marqués par la mort.

Dans ce règne de la mort, Jésus est venu, et avec Jésus, le Royaume de Dieu a commencé à venir. Nous voyons qu’il y a une tension, dans l’enseignement de Jésus, entre le fait que le Royaume de Dieu est déjà là et le fait que le Royaume de Dieu n’est pas encore là :

D’un côté, Jésus va fréquemment affirmer que le Royaume est déjà là. Par exemple : « En effet, le royaume de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17.21). Mais il affirme aussi de façon très claire que le Royaume n’est pas encore là : « Je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu » (Lc 22.18).

Le théologien Gerhardus Vos a articulé les choses ainsi : par la première venue de Jésus, le Royaume de Dieu a été inauguré, et dans la seconde venue de Jésus, le Royaume de Dieu sera consommé.

Qu’est-ce que ça veut dire pour la question de notre bien-être ? Ça veut dire qu’en tant que chrétiens aujourd’hui, nous pouvons avoir l’espoir d’être délivrés de certains effets de la chute, comme un signe de la venue du Royaume de Dieu. Nous pouvons trouver, par la marche chrétienne normale marquée par la proximité avec Dieu, la prière, la connaissance de sa présence par la vérité de la Parole et la vie de son Esprit, l’écoute fidèle de la prédication de l’Évangile et la communion bienveillante d'une Église locale en bonne santé, une guérison croissante des choses dans notre vie intérieure qui sont en conflit avec la volonté du Roi du Royaume. Nous pouvons aussi espérer recevoir, de façon plus soudaine, la guérison et la restauration de notre être intérieur.

« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11.3-5) ; « Si c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, alors le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous » (Mt 12.28). Ces paroles de Jésus montrent que la plénitude de vie qu’il nous promet, dans le physique et le spirituel, sont un signe du « déjà » du Royaume inauguré. Ce n’est pas faire preuve de créativité exégétique que d’étendre cela au domaine du psychique.

Il y a donc de l’espérance, dans cette vie, pour votre bien-être intérieur, et cela constitue une partie de votre héritage dans l’éternité, si vous êtes en Christ. Il se pourrait (mais nous n’en avons pas la garantie) que cet héritage vous soit déversé, dans cette vie, comme une partie des arrhes que vous recevrez dès maintenant, par l’action du Saint-Esprit. Dieu peut vraiment vous guérir de toute souffrance intérieure que vous connaîtriez. Parfois, c’est notre manque de foi qui limite cela. La croyance au Royaume inauguré est un outil important dans la guérison de beaucoup.

Cependant, la réponse chrétienne à la souffrance inclut également le « pas encore », et il est important de s’y attacher : ne perdez pas espoir ; ne soyez pas découragés, ne considérez pas que votre attente de la libération par rapport à votre mal-être est un signe de votre indignité par rapport à ceux qui s’en seraient trouvés délivrés dans cette vie. Cette attente n’est pas anormale : le Royaume inauguré n’est pas pleinement consommé. Sachez-le : votre tour vient. Dans cette vie ou la suivante, il vient. Dieu est souverain sur le moment de la guérison de chacun dans chaque domaine de la vie. Le « pas encore » peut vous aider à comprendre de façon sobre la lenteur de l’évolution de votre situation ; tout en vous attachant à ceci : le Royaume consommé n’est pas un « pas ». C’est un « pas encore ».

Comprenons de façon juste la théologie chrétienne : le Dieu bon a créé un monde parfait. L’homme a conduit à la chute, ce qui explique le mal et la souffrance de tous. Le Dieu bon est venu dans ce monde pour inverser les effets de la chute de façon décisive par son incarnation, sa mort et sa résurrection. Et ce même Christ reviendra pour anéantir de façon totale les effets de la chute, à la fin de cet âge.

Une dernière pensée, pour conclure cet article sur le Royaume de Dieu : les agents du Royaume de Dieu sont appelés à souffrir pour la venue du Royaume. C’est un thème que nous avons déjà abordé dans l’article « 1. Dieu est-il pour notre bien-être ? » donc je n’en parlerai que brièvement. Paul nous dit très clairement qu’en tant que citoyens de son Royaume, « nous luttons » (Éphésiens 6.10-13). Si vous êtes de son Royaume, vous êtes engagés dans la lutte pour ce Royaume, jusqu’à ce qu’il soit pleinement consommé dans la venue de Christ. En tant que chrétiens, nous sommes plus particulièrement exposés à ce combat, et nous devons donc veiller à revêtir l’armure de l’Esprit d’Éphésiens 6.14-17 : la vérité, la justice, le zèle pour annoncer l'Évangile de paix, la foi, le salut et l'Esprit, ainsi que la parole de Dieu. Ce sont des choses que nous allons voir dans les prochains articles.

Avancez, confiants que le Royaume est « déjà » ; et sobres par rapport au fait qu’il n’est « pas encore » : « En effet, en lui soumettant toute chose, Dieu n'a rien laissé qui échappe à son autorité. Maintenant pourtant, nous ne voyons pas encore que tout lui soit soumis. Toutefois, celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte » (Hb 2.8-9).

Idée 7 : « L’équilibre biblique propose une vie qui cherche les bienfaits du Royaume en acceptant que nous ne les verrons pas entièrement dans l’immédiat et qu’être agents du Royaume demande parfois souffrance. »

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